Al-Qaïda affiche désormais ouvertement sa volonté de dominer les régions rebelles de Syrie en tentant de chasser ses rivaux d'abord d'une bande de territoire s'étendant de l'Irak à la Turquie. Les combats inter-opposition sont menés par l'Etat islamique d'Irak et du Levant(EIIL) dirigé par l'Irakien Abou Bakr al-Baghdadi. EIIL a installé des barrages sur les principales routes menant aux frontières avec la Turquie et l'Irak, autant de fronts pour contrer ses concurrents de l'ALS et les islamistes d'autres chapelles. Abou Bakr al-Baghdadi cherche également à mettre la main sur les ressources de ces régions, notamment le pétrole, à contrôler les axes routiers et à soumettre la population. L'IHS Jane's Terrorism and Insurgency Centre avait averti au printemps dernier sur la stratégie de l'EIIL qui visait à contrôler les régions à la lisière de la Turquie et de l'Irak afin de faciliter l'arrivée de nouvelles recrues, du ravitaillement et des fonds. L'Irakien justifie auprès des populations sous son contrôle son approche agressive en accusant les autres groupes de l'opposition d'être inféodés à l'Occident et d'agir comme les sahwas, ces milices sunnites qui combattaient al-Qaïda en Irak avec l'appui des Américains. Du petit-lait pour le président Bachar al-Assad qui face à l'Occident qui soutient la rébellion, ne cesse de brandir la menace d'Al-Qaïda qui cherche selon lui à établir un Etat islamique dans le pays et présente son régime "laïque" comme un paravent contre les terroristes extrémistes. "Ils n'ont rien à avoir avec l'islam, ils viennent du monde entier (...) pour mener le jihad et créer cet Etat islamique", a-t-il dit cette semaine. L'ambition d'Abou Bakr al-Baghdadi est de mettre sur pied un Etat islamique en Syrie ainsi qu'en Irak. Voila pourquoi il cherche aujourd'hui à neutraliser les autres factions de la rébellion sinon empêcher leur ravitaillement. L'EIIL affronte depuis des mois les combattants de la communauté kurde qui entend administrer ses territoires après le départ de l'armée. Ces tensions au sein de l'opposition, y compris chez les formations islamistes, existent depuis des mois, mais ses porte-parole à l'étranger ont cherché à les cacher, voulant afficher une unité dans la lutte contre le régime de Damas. La prise par l'EIIL d'Aazaz, ville frontalière de la Turquie à la mi-septembre, a mis au grand jour ces divisions. La Turquie qui ne s'attendait pas à cette évolution a fermé les points de passage sur les localités entre les mains de l'EIIL, comme à Bab al-Salamé ou Aazaz. Selon un haut responsable de la sécurité à Damas, à un moment donné les rebelles, en position de faiblesse, "vont demander un coup de pouce à l'armée régulière pour combattre l'EIIL". D. B. Nom Adresse email