Alimenter Tizi Ouzou dans une année est une des conditions du contrat. La distribution sera assurée de façon continue à Alger et Boumerdès dès 2005. L'Agence nationale des barrages (ANB) a procédé, hier, à l'ouverture publics des plis financiers relatifs à l'attribution du contrat de réalisation des travaux de transfert des eaux du barrage de Taksebt vers les villes de Tizi Ouzou, Boumerdès et Alger. Deux soumissionnaires, SNC Lavalin (Canada) et Dragados (Espagne) étaient en lice. Linde, une firme allemande a été disqualifiée, affirme M. Kali pour n'avoir pas atteint les minimums requis. Les offres portent, en fait, sur la réalisation et l'exploitation du projet. SNC Lavalin a proposé un montant dépassant les 23 milliards de dinars et plus de 351 millions d'euros pour la partie réalisation toutes taxes comprises, alors que Dragados propose un montant dépassant les 9 milliards de dinars, et plus de 272 millions d'euros, mais hors taxe et sans les droits de douanes. En outre, la proposition de Dragados est accompagnée d'une vingtaine de conditions. Les deux soumissionnaires ont proposé un délai de 37 mois pour l'achèvement de tous les travaux. C'est-à-dire en bout de course, un système d'adduction permettant d'alimenter si tout se passe bien Alger, Boumerdès et Tizi Ouzou 24h sur 24. Là encore, seule SNC Lavalin semble accepter les termes du cahier des charges, à savoir donner de l'eau pour Tizi Ouzou dans un délai de 12 mois et pour Draâ Ben Khedda dans 18 mois. Dragados le propose comme option. Kali a d'ailleurs qualifié cette proposition d'anormale. “Nous avons exigé que Tizi Ouzou soit alimentée dans un délai de 12 mois”, souligne-t-il. En tout état de cause, “le gagnant”, pour paraphraser M. Kali, sera connu dans une quinzaine de jours. Entre mars et juillet 2004, Tizi Ouzou aura de l'eau h24. Normalement les travaux vont démarrer en février 2003. L'ordre de service sera donné entre le premier et le 10 février. La capitale sera desservie en 2005. Le système donnera 600 000 m3/j d'eau dont 350 000 m3/j pour la capitale, 120 000 m3/j pour Tizi Ouzou. Les travaux d'adduction comportent, rappelons-le, deux stations de traitement, une station de pompage, des conduites, quatre tunnels d'une longueur totale de 12 kilomètres et un système de télétransmission. C'est le plus important projet hydraulique en Algérie après celui de Beni-Haroun (travaux de transfert). À noter que Draâ Ben Khedda, Azazga, Fréha, Tizi-Rached, Ouaguenoune et Irdjen auront de l'eau h24 un an et demi ou deux ans après le lancement des travaux, si tout se passe bien. Concernant le financement, la BEI et l'Agence française de développement (AFD) couvrent totalement la partie devises qui représente 50% du marché. La BEI assure 225 millions d'euros et l'AFD 30 millions d'euros. Cette institution financière européenne s'assure à chaque étape de la sélection, du respect des critères de transparence et d'équité entre les soumissionnaires. Les critères de sélection sont essentiellement la capacité technique, les moyens utilisés, les délais de réalisation et l'offre financière la mieux-disante. Une fois l'entreprise de réalisation choisie, la commission des marchés statuera. La BEI devra afficher, du reste, sa non-objection. Dernière étape : le ministère des Ressources en eau devra donner son feu vert. M. R. “Pas d'augmentation de tarif dans l'immédiat” Le ministre des Ressources en eau, M. Attar Abdelmadjid, a indiqué qu'une hausse de la tarification de l'eau n'est pas envisagée dans l'immédiat alors qu'est projetée une révision certaine des modes de gestion et de consommation. À ce propos, le ministre a ajouté, dans un entretien publié samedi dans le quotidien El Watan, qu'il n'y aura pas de privatisation telle qu'appliquée dans le secteur économique, l'eau étant un produit de première nécessité. Il a néanmoins précisé que l'eau destinée à l'industrie peut être privatisée, au moyen de nouveaux modes de gestion, associant concession et partenariat par affermage. Il a tenu à souligner que cette concession n'est pas une privatisation mais un nouveau mode de gestion de la distribution de l'eau, à travers laquelle l'Etat s'occupera notamment du différentiel entre le prix de revient de l'eau et le prix de facturation. “A charge de l'éventuel concessionnaire de se faire rémunérer pour l'amélioration des prestations et du chiffre d'affaires”, a-t-il notamment indiqué. M. Attar, qui rappelle que le souci premier de son département est de réaliser une bonne prestation de service public, écarte l'idée d'une hausse de la tarification de l'eau, précisant toutefois que même s'il y a des augmentations, elles ne seront pas “significatives”.