Le Centre de documentation sur les droits de l'Homme à Béjaïa, affilié à la Laddh, a abrité une rencontre-débat dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale contre la peine de mort qui a lieu le 10 octobre. Cette date a été célébrée pour la première fois par les deux Ligues des droits de l'Homme en Algérie. La conférence-débat a été animée par Me Boujemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADH) et Saïd Salhi, responsable du bureau régional de la Laddh, présidée par Me Zehouane. La séance a été marquée par la participation de militants associatifs, d'anciens parlementaires et des adhérents du CDDH de Béjaïa. Après avoir souhaité la bienvenue à Me Ghechir, Saïd Salhi a rappelé la position de la Laddh, qui milite pour "l'abolition de cette peine inhumaine et dégradante" avant de s'arrêter sur la polémique qui a suivi l'assassinat et le kidnapping des deux enfants de Constantine où des voix se sont élevées pour appeler à l'application de la peine de mort en Algérie. Il a signifié que l'Algérie reste le seul pays dans la région du Maghreb et du Moyen-Orient a avoir signé le moratoire visant à obtenir le gel de l'application de la peine de mort en 2007, "un gel devenu effectif ; la preuve même l'exécution des auteurs de l'explosion de l'aéroport d'Alger en 1993, peine prononcée par nos tribunaux pour ce qui est des crimes de terrorisme, crimes graves et de sang, n'a pas été exécutée". Il a expliqué qu'il n'arrive pas encore à comprendre l'ambivalence de la position de l'Algérie sur cette question, tout en dénonçant la position de Me Ksentini président de la CNCPPDH, qui a appelé à l'application de la peine de mort alors qu'une année auparavant il défendait exactement le contraire, son abolition. Pour sa part, Me Ghechir est intervenu pour dire que les militants des droits de l'Homme ne doivent pas réagir sous le coup de l'émotion et des sentiments, "parfois on prend des positions, qui ne plaisent pas à la société. Notre rôle est de sensibiliser et d'ouvrir le débat sur des questions les plus gênantes, voire les plus taboues". Et à l'adresse de ceux qui revendiquent l'application de la peine sous l'angle religieux "le qissas" (l'œil pour œil ou la peine de mort, ndlr) doivent savoir que cette peine concerne les ayants droit et pas la société, ces derniers en guise de réparation peuvent demander le "qissas" ou le dédommagement "la diya" ou le pardon, alors que le système juridique algérien ne donne pas cette possibilité aux ayants droit. Si, par exemple, un ayant droit accepte le dédommagement, a indiqué Me Ghechir, l'assassin doit être mis en liberté alors que dans la réalité c'est plus compliqué. Il a plaidé alors pour la relecture du Coran et l'inscrire dans la réalité d'aujourd'hui. Se voulant plus explicite, il dira que "la société a le droit de se défendre contre les criminels mais elle n'a pas le droit de se substituer à Dieu car le droit à la vie est sacré". Lors du débat, des questions sont revenues sur cette peine "faut-il alors défendre et laisser libre les criminels et que faire devant quelqu'un qui viole, décapite un enfant ?" En réponse, Me Ghechir a tenu à souligner que les ligues des droits de l'Homme ne demandent pas la libération des criminels ; il y a des peines alternatives, la perpétuité est aussi une peine dure qui prive une personne à vie de sa liberté. Il a expliqué qu'en Algérie, les condamnés à mort sont mis dans "les couloirs de la mort", avec des chaînes et de la lumière, jour et nuit, plus encore, parfois, les condamnés, à force de vivre le cauchemar de l'exécution, ce sont eux-mêmes qui demandent à être exécutés. à la fin des débats, Saïd Salhi a appelé le gouvernement à ratifier le deuxième protocole contre la peine de mort, et pour que l'abolition soit irréversible dans notre pays, il a appelé à ce que le droit à la vie soit un droit inviolable et constitutionalisé. M. O Nom Adresse email