Le Premier ministre se rend, aujourd'hui, dans le chaudron ghardaoui pour une visite pas comme les autres. La wilaya, qui vit au rythme de conflits communautaires, connaît un regain de tension palpable à la veille de cette visite. D'ailleurs, Souk el-djemaâ (marché du vendredi), qui regroupe toutes les communautés de la wilaya, a été tout bonnement annulé hier, par crainte d'affrontements. Selon les échos recueillis sur place, "cela risque de chauffer samedi, (aujourd'hui, ndlr). Les deux communautés, mozabites et arabes, s'apprêtent à manifester, du moins à perturber la visite du Premier ministre. Le wali de Ghardaïa, dans une ultime tentative de calmer les esprits, a reçu hier une délégation des Azzabas, les représentants de la communauté mozabite. Mais personne du côté des Arabes, en raison de l'absence de structure représentative de ces derniers. Cela risque d'être mal digéré, dans une wilaya où, quoi que l'on fasse, l'une des deux communautés se sentirait lésée. Le dossier qui risque de mettre le feu aux poudres est celui du logement, notamment en ville. Des logements sont prêts depuis belle lurette, les listes des bénéficiaires sont également prêtes, mais les autorités locales n'osent pas les publier de crainte de susciter des mécontentements. Il est quasi certain que beaucoup se sentiraient lésés et que chaque communauté accuserait l'autre d'avoir bénéficié le plus de ces quotas de logements. D'ailleurs, cette question est tellement sensible qu'aucune distribution de logements n'a été effectuée depuis 1984. Hormis le relogement des sinistrés des inondations du 30 septembre 2008, les autorités locales n'ont pu distribuer les autres logements, ou les autres lots à bâtir, par crainte de provoquer des affrontements communautaires. Mais le dossier des logements n'est pas la seule source de mécontentement à Ghardaïa. Les chômeurs, eux aussi, s'apprêtent à manifester aujourd'hui. Si, du côté arabe, les choses sont visibles et les comités de chômeurs se montrent décidés à faire entendre leur voix, on se fait plus discret du côté mozabite, notamment le groupe de Kamel Eddine Fekhar, membre de la Laddh et proche du FFS, mais il est certain qu'ils préparent "quelque chose" à l'occasion de la venue de M. Sellal. En dépit de ce climat tendu, la ville de Ghardaïa n'a pas connu, hier, un déploiement visible des forces de sécurité, probablement par crainte de provoquer les mécontents. Mais tout indique que cette visite sera placée sous haute protection, au regard des risques de débordements qu'elle suscite. Cela étant, le programme de la visite du Premier ministre comprend, outre le dossier sensible du logement, ceux du transport, de la santé et de l'industrie. Le Premier ministre sera très attendu au siège de la wilaya, pour la traditionnelle rencontre avec les représentants de la société civile. M. Sellal agira-t-il en pompier ? Ou apportera-t-il des débuts de réponses à une crise communautaire qui dure et qui complique la vie des Ghardaouis ? A. B Nom Adresse email