En ordre de bataille, les partisans du chef de l'Etat avancent leurs arguments, ouvrent des pistes, lancent des ballons-sondes, au moment où l'on a du mal à voir en face une opposition capable de faire le contrepoids, du moins s'imposer dans le débat pré-électoral. Le ton a été donné par le Premier ministre à Sidi Bel-Abbès où il avait annoncé que le bilan du président Bouteflika, depuis son accession au pouvoir, en 1999, allait être présenté. L'annonce de M. Sellal n'est pas passée inaperçue. En effet, pourquoi présenter le Président de trois mandats présidentiels maintenant si ce n'est pour défendre l'idée d'un quatrième mandat ? Pourquoi c'est le Premier ministre qui défend ces mandats, lui qui n'est là que depuis quelques mois ? Comme à son habitude, Abdelmalek Sellal reste vague. La seule affirmation du Premier ministre concerne la tenue, dans les délais légaux, de l'élection présidentielle. Mais, c'est Amar Saâdani qui enfonce le clou, en affirmant que Bouteflika sera la candidat du FLN à la présidentielle. Mieux encore, le patron imposé à la tête du vieux parti fait des annonces, pour le moins, intrigantes, affirmant que le président Bouteflika voudrait en finir avec ces généraux faiseurs de présidents et ce DRS qui se mêlerait de la politique. Saâdani parle-t-il pour lui-même ? Ou a-t-il été instruit de le faire ? Dans les deux cas, l'homme a le beau rôle, lui dont l'intrusion dans le monde de la politique relève du miracle, dont seule l'Algérie est capable d'en produire. Vouloir opposer le Président à l'Armée et, particulièrement au DRS, semble être le leitmotiv des partisans du quatrième mandat. Après avoir brandi le spectre de l'intervention étrangère pour passer le très difficile cap des élections législatives, les pro-Bouteflika voudraient, présentement, faire croire que tous les maux du pays proviendraient des généraux et du DRS que l'on présente comme seuls opposants à l'option du quatrième mandat. Or, ce que Saâdani ne dit pas, ou ce que ses mentors ne voudraient pas que l'on dise, c'est que Bouteflika, en personne, a été choisi par les militaires et qu'il a dû composer, pour ses deux réélections, avec les militaires. Ce qu'il ne dit pas, non plus, c'est que le DRS a été chargé par Bouteflika, en qualité de chef suprême des Armées et, par décret, d'enquêter sur les affaires de corruption qui ont impliqué plusieurs personnalités, dont des proches du Président. Placer le débat politique de la présidentielle autour de ce sujet comprend de gros risques. L'on se rappelle de la tempête médiatico-politique qui avait suivi les dernières décisions du président Bouteflika concernant la réorganisation des services de renseignements. Les mises au point du ministère de la Défense, toujours dirigé par le président Bouteflika, qui a transféré une partie de ses prérogatives au vice-ministre et chef d'état-major, avaient pourtant calmé le débat en présentant cette réorganisation comme étant une nécessité pour assurer une plus grande efficacité des services de sécurité et les mettre au diapason des évolutions du monde, mais surtout au regard de la situation tendue à nos frontières. Mais la sortie de Saâdani suggère que rien n'est réglé et que le conflit larvé entre le président Bouteflika et les généraux, notamment le DRS, serait encore d'actualité. Une façon d'annoncer que l'enjeu de la campagne électorale de 2014 serait le duel entre le Président et l'armée. Et comme par hasard, Amar Ghoul, l'autre soutien à la candidature du président Bouteflika, salue le rôle de l'armée, tout en précisant qu'il soutiendrait Bouteflika, qu'il soit au pouvoir ou en dehors. Une façon bien nuancée de se ranger du côté du FLN dans cette précampagne électorale. Reste l'énigme du RND qui a procédé, le week-end dernier, à l'élection des délégués devant prendre part au congrès de décembre prochain. La succession d'Ahmed Ouyahia reste problématique. Même si son ancien bras droit, Miloud Chorfi, a fait une déclaration qui renseigne sur les mœurs politiques en Algérie, affirmant que "l'ère d'Ouyahia est révolue", il n'en demeure pas moins que, selon les correspondants de presse, l'élection des délégués au congrès aura vu le retour en force des pro-Ouyahia. Ils seraient 900, parmi les 924 devant prendre part au congrès, à être considérés comme des partisans de l'ancien secrétaire général du parti. Certains, à l'image des wilayas de Tizi Ouzou, Oran, Mostaganem, Sétif et Bordj Bou-Arréridj, ont carrément demandé le retour aux commandes d'Ahmed Ouyahia. Réputé proche des militaires, Ouyahia aura payé sa fameuse phrase au sujet d'un éventuel quatrième mandat, lorsqu'il avait affirmé que "ce ne serait pas une bonne chose pour l'Algérie". Mais, est-ce à dire que l'homme est complètement "grillé" ? Qu'il aurait fait les frais d'un compromis en haut-lieu ? Rien n'est tranché en cette période de ballons-sondes et d'annonces de tous bords de profils de "vice-présidentiables", de ceux des lièvres, ainsi que du sort de la révision constitutionnelle devant mettre fin au suspense savamment entretenu au sujet des intentions du Président sortant. Ce dernier avait, par le passé, choisi d'annoncer sa candidature à un mois et demi de l'élection. Ce qui laisserait pour le moment le temps à des manœuvres et autres tractations. A. B Nom Adresse email