Le dilemme reste entier : doit-on raser des unités de production dont l'une appartient à l'un des leaders nationaux dans son domaine, Soummam, ou doit-on compromettre un projet que les pouvoirs publics considèrent comme structurant ? Jamais sans doute un projet n'avait soulevé autant de problèmes que celui concernant le dédoublement de la voie ferrée entre Béjaïa et Béni Mansour. Pourtant, les pouvoirs publics n'ont pas lésiné sur les moyens. En effet, quelque 106 milliards de dinars ont été mobilisés pour réhabiliter et moderniser, dans un délai de 60 mois, les installations ferroviaires de la ligne Béjaïa-Béni Mansour, sur 87 kilomètres. Après avoir buté sur le phénomène récurrent des oppositions de la part de propriétaires terriens contestant notamment le barème d'indemnisation, voilà qu'on apprend que des entreprises, à l'instar de la laiterie Soummam et du fabricant des boissons gazeuses et jus, la sociéré Star, pourraient voir leurs installations détruites pour permettre le passage de la nouvelle ligne de la SNTF. Joint par téléphone, le cogérant de la laiterie Soummam, Madjid Hamitouche, a confirmé que la nouvelle unité opérationnelle – un investissement de 80 millions d'euros, soit approximativement 10 milliards de dinars, avec 1 140 emplois directs – sera traversée par la nouvelle voie ferrée. "On ne nous a pas demandé de démolir mais, pour l'heure, tout est bloqué", a indiqué M. Hamitouche. "Ce que je ne comprends pas, c'est que nous avons obtenu, il y a à peu près deux mois, le certificat de conformité ; sans parler du permis de construire qu'on a eu en 2010 en bonne et due forme. Il y avait un tracé avec les servitudes", dit-il, exhibant les documents, établis par la même administration et montrant le tracé initial de la ligne ferroviaire. "Maintenant, on nous dit qu'il y a un deuxième tracé." Un nouveau tracé établi sans qu'il ne soit collationné avec les tracés existants et sans concertation avec les différents services concernés, dont les services techniques des APC. La solution ? "On a entamé des démarches auprès des autorités. On a vu dans un premier temps le ministre de l'Industrie, Amara Benyounès", a indiqué l'ancien patron de Djurdjura-Danone, Boussad Battouche, aujourd'hui à la tête d'Ela Fruit. "Malheureusement, le projet est décrété d'utilité publique en Conseil du gouvernement et a été endossé il y a 8 mois". Mais les patrons de PME/PMI de la zone d'activités de Taharcht ne comptent pas rester les bras croisés. "Ils doivent trouver une solution. On ne va tout de même pas mettre à la porte des milliers de travailleurs." Il est vrai qu'on ne désespère pas de trouver une issue à l'amiable avec les contestataires (quelque 500 oppositions ont été manifestées dont le plus grand nombre dans la région d'Ouzellaguène, Sidi-Aïch et Akbou). Mais en attendant, le dilemme reste entier : doit-on raser des unités de production dont l'une appartient à l'un des leaders nationaux dans son domaine, Soummam, ou doit-on compromettre un projet que les pouvoirs publics considèrent comme structurant ? Y a-t-il un plan B ? On le saura dans les prochaines semaines. à noter qu'avec le doublement projeté de la voie ferroviaire, le train de voyageurs circulera à 160 km/heure (le train de marchandises à 100) et l'on prévoit aussi la suppression des passages à niveau à l'origine de nombreux accidents, ainsi que la réduction des désagréments dus aux bruits et à l'émission de gaz polluants, a-t-on assuré. M. O Nom Adresse email