Au lendemain du 1er Novembre 1954, la création d'un front en France est apparue comme une nécessité impérieuse pour le FLN au vu de l'importante communauté issue de l'émigration. C'est ainsi qu'est née la Fédération de France FLN qu'on appellera par la suite la VIIe Wilaya et dont la mission était de mener un travail de mobilisation parmi cette communauté. L'organisation prend de l'ampleur en moins d'une année en comptant plus de 8 000 membres. Cette création n'était, toutefois, pas sans problème. Entre 1954 et 1962, le territoire français est le théâtre d'un affrontement entre le FLN et les forces de police françaises, mais aussi avec les Messalistes. Des affrontements qui feront des milliers de morts. Le FLN réussira à dominer la situation et à s'imposer. Hier, le Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid, en collaboration avec l'association Machaâl Echahid, est revenu sur le sujet au cours d'une conférence animée par des témoignages vivants, notamment sur le rôle joué par les tout premiers responsables de cette organisation qui, faut-t-il le rappeler, a l'inestimable mérite de réunir les moyens pour financer la guerre contre l'armée coloniale. Parmi eux, Abderrahmane Guerras, dont l'historien Mohamed Abbas dira que ce moudjahid a été l'un de ceux qui ont préparé la formation de cette fédération. Né en janvier 1921 à Constantine, Abderrahmane Guerras est militant de l'organisation paramilitaire, l'OS. Après le démantèlement de celle-ci, il se réfugie en France où il est affecté comme délégué régional du MTLD de Lyon en 1952. Il adopte les thèses du Crua à partir de 1955. Il est membre de la direction de la Fédération de France du FLN où il s'occupait avec Mechati et Bensalem de sa branche politique. Il est arrêté en août 1956. Pour Mohamed Mechati, membre du groupe des 22, Abderrahmane Guerras a été dans un premier temps envoyé par Mohamed Belouizdad à Constantine pour se charger du suivi de la formation des militants du FLN. Il y avait en fait une très grande complicité entre les deux hommes. "Guerras a été instruit par les responsables FLN de partir en France, afin de l'extirper de la surveillance accrue de la police", affirme Mechati. Youcef Haddad, un des membres de l'organisation, et non moins son ancien voisin dans le quartier populaire de Sidi-B'zar à Constantine, ne tarit pas d'éloges à l'égard de Abderrahmane Guerras. "Pour moi, c'était un exemple d'intégrité et un homme de principes", déclare le militant qui sera arrêté dès le déclenchement de la lutte armée. À sa sortie de prison, ce dernier qui sera affecté en France, dans la région de Marseille, apprendra que Guerras est arrêté en même temps d'ailleurs que d'autres membres de l'organisation. Il faut rappeler que la Fédération de France FLN a été lancée en 1955 sous l'impulsion de Mohamed Labjaoui et sa principale mission au départ était de soustraire la communauté algérienne de France de l'influence du MNA. Dès 1958, elle est dirigée par Omar Boudaoud et Ali Haroun. Le FLN avait divisé alors le territoire français comme en Algérie. Paris et sa région ont un poids déterminant, proportionnel à l'importance de la population d'origine algérienne. Plus les Algériens étaient présents, plus le FLN avait intérêt à s'y implanter, afin de les organiser et de recueillir les cotisations servant à financer la Révolution. C'est à Cologne, en juillet 1958, que l'organisation fin prête décide d'ouvrir un second front en France pour porter la Révolution sur le sol français. Le 25 août, 242 attaques et 56 actes de sabotage ciblant 188 objectifs sont commis à Paris, au nord, au sud et à l'ouest de l'Hexagone. Bilan : 88 morts et près de 200 blessés. Des commissariats de police sont attaqués, des voies ferrées sabotées, des dépôts de carburant dans plusieurs villes de France prennent feu. Le tournant du mois d'août 1958 visait à soulager les maquis algériens en créant ce second front. A. F Nom Adresse email