Lors de sa tournée au Proche-Orient, John Kerry rencontrera notamment le président palestinien, Mahmoud Abbas (photo archives) John Kerry repart ce week-end en tournée au Proche-Orient et dans le Golfe, au chevet du difficile processus de paix israélo-palestinien, de la guerre en Syrie et de la crise nucléaire avec l'Iran. Point d'orgue de ce 17e voyage en huit mois pour le chef de la diplomatie américaine, sa première étape dimanche et lundi en Arabie saoudite pour des entretiens avec le roi Abdallah afin de tenter d'apaiser les tensions entre les deux alliés: Riyadh reproche à Washington son non-interventionnisme militaire en Syrie et son rapprochement avec l'Iran. Après Riyadh, M. Kerry est attendu jusqu'au 11 novembre à Varsovie, Jérusalem, Bethléem, Amman, Abou Dhabi, Alger et Rabat. L'agence de presse égyptienne Mena a aussi fait état vendredi d'un arrêt aujourd'hui de «quelques heures» au Caire, un projet évoqué cette semaine par le secrétaire d'Etat lui-même. Mais cette étape, en plein refroidissement des liens américano-égyptiens et avant le début du procès demain du président déchu Mohamed Morsi, ne figure pas au programme de M.Kerry et sa porte-parole Jennifer Psaki est restée muette sur le sujet. A Riyadh, le ministre américain «va réaffirmer la nature stratégique des relations entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite» et parler de la manière de «mettre fin à la guerre en Syrie, (d')avancer en Egypte» ainsi que des «négociations avec le groupe P5+1 et l'Iran» sur le nucléaire les 7 et 8 novembre à Genève. «C'est le bon moment pour une visite du secrétaire d'Etat», a-t-elle assuré. De fait, et bien que Washington le nie, les relations américano-saoudiennes subissent un coup de froid, tant à cause de la Syrie que de l'Iran, la puissance chiite de la région et la bête noire de Riyadh. La monarchie islamique à majorité sunnite a annoncé le 18 octobre son refus de siéger au Conseil de sécurité de l'ONU, alors qu'elle venait d'y être élue, un geste sans précédent pour protester contre «l'impuissance» du Conseil - et donc aussi de Washington - face au drame syrien. Les Saoudiens reprochent à leurs alliés américains d'avoir renoncé à frapper militairement le régime de Bachar Al Assad. Selon le Wall Street Journal, le chef des renseignements saoudiens, le prince Bandar ben Sultan al-Saoud, avait déclaré à des diplomates européens que Riyadh réduirait sa coopération avec la CIA pour armer et entraîner des rebelles syriens en collaboration avec la France et la Jordanie. Sur le nucléaire iranien, l'Arabie Saoudite voit d'un mauvais oeil le dégel amorcé entre Téhéran et Washington. Riyadh est également furieux que les Etats-Unis aient réduit leur aide militaire au régime intérimaire mis en place par les militaires en Egypte. Artisan de la reprise fin juillet du dialogue direct entre Israël et les Palestiniens, John Kerry cherchera à relancer le processus de paix plombé, selon le camp palestinien, par une nouvelle annonce d'Israël de 1.500 logements de colons à Jérusalem-Est occupée. Le département d'Etat a reconnu que cela assombrissait le climat des négociations, qui avaient déjà capoté en septembre 2010 en raison de la colonisation. M. Kerry doit voir mardi à Bethléem le président palestinien Mahmoud Abbas, selon un responsable palestinien. Interrogée sur des rumeurs de démission de négociateurs palestiniens, Mme Psaki a assuré que la partie palestinienne «restait pleinement impliquée dans les négociations et participerait au prochain cycle» de pourparlers. L'Iran est aussi une pomme de discorde entre Israël et les Etats-Unis: l'Etat hébreu redoute que Washington n'allège les sanctions contre Téhéran sans réelles concessions sur le nucléaire. Le secrétaire d'Etat, qui a déjà visité 35 pays depuis sa prise de fonctions en février, bouclera sa tournée par un premier voyage au Maghreb, à Alger, pour le dialogue stratégique Etats-Unis/Algérie, puis au Maroc.