"Protéger n'est pas couver." C'est ce qu'a déclaré Rahoui Houcine, docteur en sciences humaines de l'université Abou-Bekr-Belkaïd de Tlemcen, lors d'une conférence organisée à la salle polyvalente de la maison de la Culture de Khenchela, en marge du Festival de la musique et de la chanson chaouies. Les spécialistes, qui se sont succédé dans la petite salle de spectacles, ont évoqué, tour à tour, les soucis, les entraves, les interdits, les tabous, mais aussi les remèdes à apporter pour stopper un tant soit peu cette déperdition dont souffre la chanson auressienne. Les recherches, études, thèses et autres travaux de terrain exposés par les uns et les autres étaient d'une grande importance, par leur pertinence, clairvoyance, perspicacité et exclusivité pour certains écrits. "Le patrimoine de la chanson chaouie a besoin surtout d'être répertorié, ce qui constitue une forme de protection, il n'est pas question de la couver ou de la cloîtrer", préconise M. Rahoui. Et de poursuivre : "Il n'y a pas que le plagiat ou le copier-coller qui peuvent constituer un danger pour la chanson des Aurès, il y a aussi et surtout l'avènement des nouveaux moyens de communication beaucoup plus rapides et plus performants. La nouvelle génération ne connaît pas le conte de la grand-mère, mais plutôt l'Ipad, l'Iphone, Google, etc." M. Rahoui soulignera également qu'actuellement, de nouvelles chansons sont produites, mais jamais d'études. Un vide qu'il faut vite remplir. Mansour Margouma a mis en évidence le riche patrimoine immatériel en matière de chant et de chanson que recèle le pays, et précisément les Aurès, dans une communication intitulée "Le patrimoine immatériel en Algérie : l'identité nationale et la menace de la mondialisation". Pour lui, le répertoire des Aurès est un legs inestimable, qui est sujet et victime de pillage, vol, dilapidation, d'une manière "voulue" ou "involontaire". M. Margouma a considéré que le véritable danger est "la globalisation", qui constitue "une perte de soi et de son être. Car il n'est plus question de donner et de recevoir, mais juste de recevoir et de se fondre dans l'autre". Or, pour lui, "nous avons notre propre identité, notre culture, notre savoir. Il n'est pas question de brader une culture millénaire". Le conférencier abonde dans le même sens que son prédécesseur, en martelant qu'il est "hors de question de muséifier ou de momifier notre culture, mais c'est ce qui se passe, hélas !" Le musicien, auteur et chercheur Salim Souhali a, pour sa part, abordé la musique et chant berbères dans la région de Ouargla. Une intervention attendue aussi bien par les présents que par les spécialistes qui considèrent que le thème est tout à fait nouveau. Par ailleurs, les différentes activités se poursuivent, notamment les soirées musicales qui drainent un public fort nombreux contrairement au cycle des conférences quelque peu boudé, sachant que les étudiants de l'université semblent n'accorder aucune importance à cette manifestation qui se déroule à un jet de pierre de l'institution universitaire. R H Nom Adresse email