Le caricaturiste, G. Djamel, du journal régional la Voix de l'Oranie, vient d'être inculpé et placé sous contrôle judiciaire par un juge d'instruction près le tribunal de la cité Jamel à la suite d'"une plainte de la direction du quotidien", employeur du caricaturiste, avec pour chefs d'inculpation, et non des moindres, "abus de confiance, tentative de nuire à l'entreprise et atteinte à la personne du Président". En cause, une caricature évoquant la maladie du chef de l'Etat. Mais là où l'affaire devient des plus incroyables et risque de constituer un grave précédent dans les annales des atteintes à la liberté de la presse, c'est que ladite caricature n'a jamais été publiée par le journal ni sur les réseaux sociaux. En somme, il y aurait un corps de délit qui serait en réalité inexistant du point de vue du droit. Depuis ce mardi, où l'information a circulé à Oran, c'est la consternation. Les condamnations et les motions de soutien n'ont pas tardé à voir le jour dans une affaire aussi grave que celle de ce caricaturiste. Selon nos informations, deux versions s'affrontent. Celle donnée "officieusement" par la direction du quotidien qui, évoque un conflit avec son employé pour 7 années de salaires impayés, raison pour laquelle il a tenté de nuire au journal en essayant de faire passer à leur insu la caricature "attentatoire à la personne du Président". Pour Djamel, avec qui nous nous sommes entretenus, "cette version n'est que pure affabulation. Le conflit remonte à plus d'un mois au moment où j'ai saisi l'inspection du Travail pour mes salaires impayés. Je n'ai jamais tenté de faire passer cette caricature que je n'avais pas encore finie et qui n'était pas destinée au journal. C'est le responsable par intérim qui a trouvé sur mon micro, via le réseau intranet, la caricature et m'a demandé des explications que je lui ai fournies. Elle n'est jamais parue, et je me retrouve convoqué et inculpé par un juge comme par hasard au moment où je devais passer en conseil de discipline pour avoir revendiqué mes salaires impayés". Notre interlocuteur affirme qu'il s'est rendu à la justice sans la présence d'un avocat et a dû répondre seul aux questions qui lui ont été posées sur la fameuse caricature. Aujourd'hui, les chefs d'inculpation contre G. Djamel font état "d'abus de confiance et tentative de nuire à l'entreprise", avec comme seul élément à charge une caricature évoquant la maladie du Président qui, faut-il le rappeler, n'a jamais été publiée. Ce dernier voit dans ce procédé éhonté une façon de "se débarrasser de moi après avoir porté l'affaire au niveau de l'inspection du Travail pour mes salaires impayés". L'affaire ne va pas en rester là au vu de la multiplication des mouvements d'indignation, au moment où les coups de boutoir à l'encontre de la presse et de la société civile se multiplient depuis des mois. D. L Nom Adresse email