Les opposants au "hold-up" opéré par Amar Saâdani à la tête du FLN ne comptent pas se taire, ni accepter les résultats de la réunion convoquée par ce dernier ce samedi à l'hôtel El-Aurassi. À la veille de la tenue de cette réunion, les opposants ont réuni la presse au siège du mouvement de redressement du FLN à Draria pour affirmer leur intention de poursuivre leur combat et leur résistance et assurer que "les jours de Saâdani à la tête du parti sont comptés". Pour Abderrahmane Belayat, le combat est militant, au sein du parti, mais aussi juridique, dont le dossier est entre les mains du Conseil d'Etat. Pour lui, la réunion de ce samedi est "illégale" et rappelle les péripéties ayant entouré la tenue de la réunion du 29 août dernier à l'hôtel El-Aurassi et ayant abouti à la désignation de Saâdani à la tête du parti. Décidés à "empêcher la destruction du parti", Abdelkrim Abada dira que le combat des opposants vise à "libérer le parti de cette pieuvre, de ce groupe qui s'est arrogé le droit d'effectuer un hold-up du parti. Ce groupe qui a réussi, durant la dernière décennie, à s'infiltrer au sein du parti et à s'imposer au sein des instances, grâce à la complicité de la direction du parti et une partie du pouvoir." Abada parle de ces "hommes d'affaires" qui ont une grande influence sur le parti actuellement. Il ira plus loin, en affirmant que ce sont 23 personnes qui dictent au patron imposé à la tête du parti ses actions et ses déclarations. Pour Abada, il s'agit d'une "confiscation de la volonté des militants, au nom du président de la République. On a utilisé le nom du président de la République pour faire peur aux militants. On a menacé des cadres du parti". Il estime que "le lobby de l'argent s'est imposé comme tuteur du parti. Saâdani est un chargé de mission. Or, il est incapable d'assumer cette mission. Il a sali les institutions et s'est caché derrière des personnes. Nous n'allons pas nous taire sur ces déviations. Nous allons résister et militer dans la légalité", avant d'asséner : "Les jours de Saâdani sont comptés." Dans leur communiqué, les opposants à Saâdani refusent le fait accompli et rejettent "la comédie d'El-Aurassi" qu'ils considèrent comme un non-événement. Ils rejettent le fait que le parti soit impliqué dans "des aventures" menées par Saâdani et son groupe. Tout en insistant sur la nécessité d'agir en vue de "déjouer ce complot", ils se lavent les mains des agissements et autres positions exprimées par Amar Saâdani et attendent toujours la décision du Conseil d'Etat. Estimant qu'il s'agit là d'une "usurpation de fonction et d'une confiscation du comité central", ils dénoncent les attaques contre les institutions de la République. Enfin, ils appellent à la préparation d'une session "légale" du comité central dont la date n'a pas encore été arrêtée. Mais Abada refuse de désigner nominativement ces "hommes de l'ombre" qui, selon lui, ont permis à Saâdani de prendre le contrôle du parti. Pour lui, Saâdani s'adonne à un jeu dangereux en faisant croire que celui qui s'oppose à lui s'opposerait, en fait, au président de la République. "On veut comparer Saâdani à Bouteflika", avant d'ajouter que "comme on a voulu faire croire aux gens que celui qui s'oppose à Saâdani roulerait pour Benflis." Pour lui, la question de la candidature de Bouteflika devrait être débattue au sein des instances légales du parti. "Qui a dit que nous étions contre le Président ?" s'interroge-t-il, avant de préciser que "lors de la réunion d'El-Aurassi, il n'y avait que 86 membres du CC. Le reste était des invités. Il y avait un millier d'invités. Qui a payé la dernière réunion du groupe parlementaire ? Qui paye les deux suites de l'hôtel Sheraton et la villa de La Madrague où se tiennent les réunions du groupe Saâdani ?" Autant de questions que les opposants de Saâdani n'ont pas cessé de poser hier. Abada ira plus loin en posant la question : "Demandez qui a milité, au sein du Parlement, pour l'annulation de la taxe sur la fortune dans le projet de loi de finances ? Et sur ordre de qui ?" Pour Abada, les soupçons de corruption qui pèsent sur Saâdani sont le fait de la presse et remontent à 2006. "C'est à lui d'apporter les preuves de son innocence, de se laver de tout soupçon", et d'ironiser sur les réponses de Saâdani sur une chaîne de télévision au sujet de l'affaire des 3 200 milliards et de sa villa à Hydra. Abada n'imagine pas que le parti se mette à démentir et à défendre Saâdani, dans le but de le laver de tous ces soupçons. Nullement impressionné par la tentative de diabolisation des militants qui avaient soutenu Ali Benflis en 2004, Abdelkrim Abada dira : "Nous avons soutenu le secrétaire général du parti à l'époque, l'ancien Premier ministre, l'ancien directeur de campagne du président Bouteflika et l'ancien directeur de cabinet du Président", avant de se demander : "Est-ce un diable ? Pourquoi le criminaliser ?". Pour lui, "nous sommes des légalistes. Nous ne sommes pas contre le Président. Si demain, il se présente, et s'il remplit les conditions médicales et constitutionnelles, nous le soutiendrons." Abderrahmane Belayat estime, pour sa part, que les opposants à Saâdani n'ont pas le droit de "céder à toutes les manœuvres et à toutes les prétentions" tout en rappelant que le mouvement de redressement mène un combat depuis trois ans déjà. Et comme Abada, il est certain que Saâdani "ne restera pas longtemps sur place". Pour les opposants à Saâdani, l'agitation de ce dernier est contre-productive "le Président n'a pas besoin de cette publicité. Ses actes parlent pour lui." La perpétuelle question du nombre exact des opposants est revenue avec insistance hier. Pour Abada, ils seraient 135 membres, dont 73 avaient déjà signé le premier communiqué du 2 novembre dernier. Il ironisera sur la réunion du 29 août dernier : "Un secrétaire général désigné par un millier de personnes, sous les youyous. On n'a jamais vu ça. Même du temps du parti unique !". Martelant qu'ils attendent la décision de la justice, les opposants à Saâdani disent que leur combat restera pacifique et légal. A. B Nom Adresse email