La jeune équipe qui anime l'émission Nostalgia de Radio-Mila a suscité un débat passionné en évoquant le thème des noms patronymiques risibles et le harcèlement dont font l'objet ceux qui les portent à leur corps défendant. C'est un sujet aussi tabou qu'inédit que vient d'aborder l'émission Nostalgia de la radio locale de Mila dans son émission hebdomadaire de samedi. Une émission qu'elle a consacrée aux noms patronymiques dégradants des Algériens, hérités de l'époque coloniale. Le sujet, que la société feint d'occulter malgré son importance et sa sensibilité, a été traité avec audace et sérénité par l'animateur du programme radiophonique et les universitaires qui sont intervenus dans l'émission, ainsi que par les auditeurs et les bloggeurs, qui n'ont pas manqué d'apporter de précieux éclairages sur le thème. Les noms patronymiques dégradants accordés à la population du Nord algérien, en application de la loi du 23 mars 1882 portant recensement et identification par des noms patronymiques de l'ensemble des habitants indigènes du Tell algérien, ont donc été débattus par des scientifiques de l'université de Constantine et de celle de Béjaïa. Pour Amrane Lakhdar, professeur de psychologie à l'université de Béjaïa, "imposer des noms dérivés de noms d'organes sexuels ou d'animaux à des êtres humains constitue un crime caractérisé. De telles dénominations, diffamantes traumatisent leurs porteurs à vie. Certaines personnes porteuses de noms patronymiques de ce genre vivent de véritables malheurs psychologiques ; il y en a même qui se sont suicidées pour cette raison". L'intervenant, mesurant en connaisseur l'impact psychologique dramatique sur les victimes de la loi du 23 mars 1882, appelle le ministère de la Justice à simplifier les procédures relatives au changement de noms patronymiques inconvenants pour sortir des milliers d'Algériens du calvaire qu'ils endurent. Yasmina Zemouli de l'université de Constantine et auteure d'une étude sur le sujet, affirme que des centaines de familles portent des noms patronymiques dégradants dans la seule ville de Constantine où elle a réalisé sa recherche. Réagissant au sujet, des auditeurs et des bloggeurs revendiquent une intervention plus prononcée de la part des autorités afin de mettre fin à ce scandale. "Il reste cependant la possibilité pour les personnes, qui portent un nom risible et qui font de ce fait l'objet de harcèlement, la possibilité de se rapprocher des tribunaux compétents pour demander le changement de nom et éventuellement de prénoms. Beaucoup de gens ont recouru à cette procédure et ont vu leur requête satisfaite, mettant ainsi fin à cette tracasserie inutile", a indiqué un avocat K B Nom Adresse email