Ce qui devait arriver le 15 août dernier après les vives critiques du Premier ministre turc contre les autorités égyptiennes, suite à la répression des manifestations pro-Morsi, est arrivé hier avec la rupture des relations diplomatiques entre Ankara et Le Caire avec l'annonce par cette dernière de l'expulsion de l'ambassadeur turc. La crise entre l'Egypte et la Turquie, née avec la destitution de l'islamiste Mohamed Morsi et la répression de ses partisans, s'est aggravée hier avec l'expulsion par Le Caire de l'ambassadeur turc, ainsi que la réduction de sa représentation diplomatique à Ankara. La tension est vive entre les deux pays depuis que l'armée a destitué Mohamed Morsi, grand allié des islamo-conservateurs de l'AKP au pouvoir en Turquie, quelques jours après que des millions d'égyptiens sont descendus dans la rue pour réclamer son départ, l'accusant de vouloir islamiser la société et d'accaparer le pouvoir au profit des Frères musulmans. Il s'agit de la mesure diplomatique la plus importante prise par l'égypte face aux critiques qui se sont élevées à l'étranger contre la répression menée par les nouvelles autorités installées par l'armée contre les islamistes. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, proche de la confrérie des Frères musulmans de Mohamed Morsi, avait qualifié sa destitution le 3 juillet par l'armée de "coup d'état", une appellation que le reste des capitales, Washington en tête, s'est refusé à adopter. Depuis il a multiplié les condamnations, évoquant un "très grave massacre" de manifestants "pacifiques". Jeudi, il avait affirmé n'avoir "aucun respect pour ceux qui ont amené M. Morsi devant la justice", faisant référence au procès ouvert le 4 novembre du seul président jamais élu démocratiquement d'égypte pour "incitation au meurtre" de manifestants lors de heurts devant son palais fin 2012. Qualifiant ces propos d'"ingérence inacceptable dans les affaires internes de l'égypte" et de "provocation", la diplomatie égyptienne a convoqué hier l'ambassadeur turc au Caire, Huseyin Avni Botsali, lui signifiant qu'il était désormais "persona non grata" dans le pays. Dans le même temps, le ministère égyptien des Affaires étrangères a annoncé réduire son niveau de représentation en Turquie, expliquant que son ambassadeur, Abderahman Salah Eldin, rappelé le 15 août d'Ankara, ne retournerait pas à son poste et que désormais seul un chargé d'affaires assurerait la représentation diplomatique égyptienne. Le ministère a accusé en outre la Turquie de "soutenir (...) des organisations qui cherchent à créer l'instabilité dans le pays", faisant référence aux Frères musulmans, et reproché à Ankara de chercher, via ses déclarations, "à dresser la communauté internationale contre les intérêts de l'égypte". Si Ankara a aussitôt promis "des mesures de réciprocité", le président turc Abdullah Gül a semblé samedi vouloir apaiser les esprits, estimant que la situation était "temporaire et conjoncturelle" et disant espérer que "les relations reprendront leur cours". Si les mesures de rétorsion à l'encontre d'Ankara sont les plus sévères prises par l'égypte, d'autres pays ont également fait les frais de leurs critiques des nouvelles autorités chapeautées de facto par l'armée. Le Caire avait ainsi rappelé son ambassadeur en Tunisie le 28 septembre, après que le président Moncef Marzouki eut appelé à la libération de M. Morsi, détenu depuis sa destitution. M T./Agences Nom Adresse email