La ministre de la Solidarité nationale, Mme Souad Bendjaballah, dont le département est également en charge des affaires familiales et de la condition de la femme, était, hier, l'invitée de la matinale de la radio Chaîne III. Profitant de cette occasion, la ministre est revenue sur la stratégie mise en place par le gouvernement pour la lutte contre ce phénomène. De plus, Mme Bendjaballah a annoncé l'installation d'une commission interministérielle de suivi, un organe chargé "d'élaborer le plan d'action global et des plans d'action sectoriels". Sa principale mission est de parfaire le dispositif de lutte contre les violences faites aux femmes. "La commission est chargée d'informer sur la pertinence des dispositifs mis en place, d'en suivre l'évaluation sur le terrain et de proposer des améliorations de ces dispositifs", a expliqué Mme Bendjaballah. Cette commission compte parmi ses membres des cadres de différents ministères. "La commission est composée des différents départements ministériels impliqués dans cette action : l'Intérieur, la Justice, les Affaires religieuses, l'Education nationale, mais surtout le ministère de la Communication", a indiqué la ministre. Questionnée sur d'éventuels amendements du code de la famille, cheval de bataille du mouvement associatif féministe, la ministre a répondu qu'"un texte de loi est, par principe, amendable". Mme Bendjaballah a affirmé que "le Conseil national de la famille, qui est une instance créée en 2009 par décret exécutif, a engagé des réflexions sur plusieurs points fondamentaux du code de la famille". La ministre énumèrera trois problématiques particulières : "Les femmes démunies parce qu'elles ne perçoivent pas les pensions alimentaires qui leur reviennent de droit, la problématique du domicile en cas de divorce et le mariage précoce ou en dehors de l'âge légal qui est fixé à 19 ans." Le phénomène de violences contre les femmes n'est pas isolé et touche toutes les catégories sociales. Des chiffres minorés et des clichés Des statistiques de 2012, établies par les services de police et de gendarmerie, indiquent que 8 500 femmes ont subi des violences et que 260 d'entre elles sont décédées des suites de ces violences. Mais il faut que la victime porte plainte pour apparaître dans les statistiques, ce qui arrive rarement. De ce fait, il est possible d'en déduire que le nombre de victimes est largement supérieur à celui rapporté par les services de sécurité. "On admet entre 10 et 20 cas de femmes violentées par semaine", a déclaré, hier à la Chaîne III, le Pr Rachid Belhadj, médecin légiste au CHU Mustapha-Pacha. Les clichés voudraient que la femme battue soit une femme au foyer, sans ressources et sans éducation. Mais la réalité est tout autre. "Nous constatons que ce ne sont plus uniquement les femmes au foyer qui sont violentées. Des femmes de tous âges et de toutes les professions sont concernées par le phénomène", a témoigné le médecin légiste. De la violence faite aux femmes, on ne parle que de celle qui laisse des marques visibles. Un hématome, un œil au beurre noir, ou encore des lésions internes. Mais la violence n'est pas seulement physique, elle peut être exercée sous différentes formes. Le harcèlement moral et sexuel dans le milieu professionnel, les disparités salariales entre femmes et hommes de même niveau, le harcèlement dans la rue, ou encore les injustices dans le cadre familial. Des sujets qui ne sont pas pris en charge ni par la commission de suivi ni par le Conseil national de la famille. A. H Nom Adresse email