Rebonjour la Françafrique. Alors que la guerre au Mali est encore vivace dans les esprits, voilà que la France s'apprête à ouvrir un nouveau front en République centrafricaine (RCA). Il s'agirait d'une intervention coup-de-poing pour rétablir l'ordre et permettre une amélioration de la situation humanitaire, tentent de rassurer le ministre français de la Défense en annonçant l'envoi de 1000 soldats à Bangui où est positionné une base militaire tricolore avec un demi-millier d'hommes, des éléments de l'aviation et de blindés. Cette base est un reste de la Françafrique, expliquait le président français François Hollande lorsqu'il a pris possession des clefs de l'Elysée, avec l'engagement solennel d'en finir avec l'Afrique de Fafa de ses prédécesseurs. Il n'aura pas fait mieux en bouclant la première année de son quinquennat par l'opération Serval au Mali où il a dépêché une force de plus de 3000 hommes pour chasser les djihadistes qui avaient investi avec une facilité déconcertante tout le nord de l'ancienne colonie française en Afrique de l'Ouest. Un scénario identique est déroulé pour la RCA. Le motif : depuis le renversement, le 24 mars 2013, du régime de François Bozizé par Michel Djotodia, la Centrafrique est en proie au chaos qui a consommé depuis quelques mois la fracture entre chrétiens, largement majoritaires, et musulmans, alors que les deux communautés avaient toujours vécu en bonne intelligence. Les exactions à répétition de l'ex-rébellion Séléka, à majorité islamiste, qui a porté Michel Djotodia au pouvoir en mars dernier, ont généré des tensions, poussant des populations chrétiennes à former des groupes d'autodéfense pour s'en prendre aux musulmans. Et c'est le cycle de représailles et contre-représailles meurtrières entre milices chrétiennes d'autodéfense et ex-rebelles infiltrés d'islamistes, qui a provoqué la fuite de dizaines de milliers de villageois chrétiens et musulmans, et font craindre des massacres à grande échelle. La "bombe rwandaise" est prête à exploser. Le pays est au bord du génocide, a alerté l'ONU qui a entendu la mise en garde du président français devant sa dernière Assemblée générale à New York et accepté que la France joue dans ce pays le rôle qu'elle a joué au Mali. Comme pour le Mali, l'ONU va accompagner la France dans son intervention dans son ex-colonie au cœur de l'Afrique. Le Conseil de sécurité doit en effet voter une résolution la semaine prochaine pour "légitimer" la seconde équipée française en Afrique en moins d'une année. En RCA, l'Union africaine jouera également de faire-valoir avec ses forces. Lorsqu'il a été demandé au ministre français des AE ce que son pays va faire à Bangui, sa réponse est floue. Paris déclare qu'il faut distinguer les objectifs qui étaient visés au Mali de ceux recherchés en Centrafrique : dans le premier cas, il s'agissait de libérer l'ex-colonie de l'Afrique de l'Ouest du terrorisme et dans l'ex-colonie de l'Afrique centrale, il s'agit reconstruire un pays ! Paris jure que cette fois-ci, ses soldats ne feront pas de vieux os, ils seront rapatriés d'ici la fin de l'année. Serval devait prendre fin en juillet dernier. 2000 soldats français sont à demeure au Mali et ce n'est pas demain qu'ils plieront leurs pacages avec la résurgence du terrorisme à Gao, Kidal et Tombouctou et l'absence de confiance entre Bamako et les Touareg. En France, si la guerre au Mali a soudé les rangs derrière François Hollande, pour l'ouverture d'un second front en Afrique n'est pas du goût de tous. Si François Hollande prend soin de souligner que sa nouvelle intervention est en appui à une force africaine en constitution, elle apparaît en Afrique et ailleurs comme une manœuvre de la France pour s'affirmer sur la scène mondiale. D. B Nom Adresse email