Il est nécessaire de convenir d'une définition commune de ces deux concepts. Comment lutter contre le terrorisme international sans porter atteinte aux droits de l'homme? Peut-on faire acte de violence terroriste et crier à l'injustice? Deux questions d'autant plus compliquées que les experts les plus éminents ont du mal à répondre. Et c'est autour de cette problématique cruciale que les institutions arabo-européennes des droits de l'homme, se sont penchées, lors de la rencontre de deux jours, qui s'est déroulée, dimanche et lundi derniers au Caire. Les experts ayant pris part à cette rencontre sont presque unanimes: la lutte contre ce phénomène ne peut, en aucun cas, se faire au détriment des droits humains. Mais cette option reste loin d'être prouvée, et la concrétisation ne sera certainement pas pour demain. Le constat dressé quotidiennement sur le terrain par les différentes institutions des droits de l'homme, ne fait que confirmer davantage que la lutte contre le terrorisme ne peut se faire sans porter atteinte aux droits humains. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir la longue série des personnes portées disparues, ou encore celles emprisonnées dans les geôles les plus sinistres de la planète, pour se rendre compte de cette dure réalité. Il est important de rappeler, dans cette optique, les 300 prisonniers qui croupissent dans le tristement célèbre camp de Guantanamo, sous prétexte qu'ils ont fait partie des plus dangereux réseaux terroristes. C'est, en effet, un exemple type du détournement opportuniste de la lutte antiterroriste à des fins de répression et d'atteinte aux libertés fondamentales. Pis encore, la lutte antiterroriste sert de plus en plus de prétexte aux superpuissances mondiales pour faire main basse sur des régions les plus riches en matières premières de la planète. C'est aussi au nom de la lutte antiterroriste que «sont engendrées des atteintes au droit à la sécurité et à la liberté de la personne, au droit à la liberté d'expression, de réunion et d'association, au droit à un procès équitable, et au droit d'asile et de non-discrimination raciale». Les experts participant à la rencontre du Caire ont, à l'unanimité, insisté sur la nécessité de convenir d'une définition commune du terrorisme et son lien avec les droits de l'homme, en évitant bien sûr le recours à des définitions ambiguës de ce phénomène. Ils ont souligné par là même que le respect des droits de l'homme est le meilleur gage pour parer à tous risques menaçant les sociétés, notamment ceux liés au terrorisme. Mais est-il possible de préserver les libertés individuelles, lorsque la violence terroriste souffle tout sur son passage? C'est, en effet, une question sur laquelle il faudra se pencher sérieusement. La leçon que l'Algérie a tirée de la tragédie nationale est susceptible de donner les enseignements adéquats.