Des pourparlers de paix entre les délégations du président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et de son ancien vice-président, Riek Machar, ont commencé hier à Addis-Abeba. Faute d'un compromis, le nouveau pays africain risque de s'embourber dans une guerre civile. Ce pays qui faisait partie du Soudan et dont la scission n'aura été que la politique discriminatoire des dirigeants qui se sont succédés à Khartoum, est né il y a deux ans. Il avait représenté un triomphe pour le président américain Barack Obama : le seul succès pour sa politique étrangère. Il s'était en personne investi dans le processus de démembrement du Soudan originel, encouragé par la dictature de Béchir, condamné par ailleurs par le TPI pour génocide. Khartoum avait placé le pays sous la loi de la charia alors que la moitié de la population est chrétienne ou animiste. Washington s'était mis en branle pour l'or noir du Sud Soudan que Khartoum allait confier aux Chinois. Le Sud Soudan est si stratégique aux yeux d'Ozama qu'il avait nommé deux émissaires, dont John Kerry, avant son entrée au secrétariat d'Etat, pour élaborer une feuille de route destinée à Khartoum et à ce qui allait devenir le dernier membre de l'UA. Tout ceci s'était traduit par un référendum réussi et la naissance, en juillet 2011, d'un nouveau pays de 8 millions d'habitants, permettant à notre pays de devenir le plus grand du continent en superficie. Les agissements des dirigeants du Soudan du Sud risquent désormais de ruiner tous les efforts américains et la stratégie d'Obama. Au lieu d'utiliser les abondants revenus du pétrole pour construire le pays, qui est l'un des moins développés au monde, le président Salva Kiir a développé la corruption, comme ses pairs africains. Et face à ses échecs répétés, il s'est lancé dans des conflits avec le Soudan au sujet de certains territoires frontaliers, copiant l'attitude de son voisin el-Béchir. Cela n'a pas suffi, il a allumé le feu avec Riek Machar, son vice-président. Le 15 décembre 2013, Kiir a accusé celui-ci de fomenter un coup d'Etat, arrêté 11 hauts fonctionnaires et tenté de désarmer les membres de la garde présidentielle issus de l'ethnie des Nuers, celle du vice-président. Cette situation a provoqué des combats sur l'ensemble du territoire entre les partisans des deux hommes. Kiir, lui, fait partie des Dinkas, l'autre grande ethnie du pays aux côtés des Nuers. Fin décembre, sous la pression de dirigeants africains et du gouvernement Obama, les deux hommes ont accepté d'entamer des négociations, bien que les combats continuent. Selon les Nations unies, des milliers de personnes auraient perdu la vie, et 180 000 autres auraient été déplacées. Obama s'active à trouver une solution, il dispose d'un moyen de pression considérable, car il a accordé des centaines de millions de dollars d'aide au Soudan du Sud qu'il fait naître. L'Ethiopie et le Kenya jouissent également d'une influence tout aussi importante et leurs présidents respectifs poussent aussi à la négociation. En revanche, Yoweri Museveni, le président de l'Ouganda, penche pour Kiir, qui est un allié de longue date. Celui-ci menace d'intervenir. La communauté internationale qui se désole que l'Afrique inaugure 2014 avec un nouveau conflit, joue la montre au moins jusqu'aux élections prévues en 2015. Faute d'un compromis, le pays risque de plonger dans un conflit ethnique sans fin, comme en RDC. D. B. Nom Adresse email