L'année 2013 a vécu et a laissé des séquelles difficiles à effacer en Tunisie. Le bilan est lourd sur divers plans. Le peuple, las des tiraillements entre divers partenaires politiques ne sait plus à quel saint se vouer. Au double meurtre de l'opposant Chokri Belaïd et du député Mohamed Brahmi, sont venus se greffer les attaques terroristes de Djebel Chaâmbi qui ont fait plusieurs morts parmi les militaires sans compter d'autres attentats enregistrés ça et là semant le désarroi et la peur parmi une population dont une bonne frange commence à regretter le passé. Au plan politique, le gouvernement d'Ali Laârayedh qui a succédé à celui de Hamadi Jebali, démissionnaire en février 2013 suite à l'attentat qui a coûté la vie à Chokri Belaïd, n'a pas mis longtemps pour décevoir le peuple autant, sinon plus que son prédécesseur. Des grèves à succession, des sit-in initiés et encouragés par l'opposition, sont venus freiner l'action d'un gouvernement qui a prouvé, à maintes reprises, son incapacité à gérer une situation de plus en plus insoutenable. Insoutenable aussi pour la population qui, à l'évidence, supporte mal les débats "byzantins" entre les partis politiques. Ces derniers, sans programmes clairs, cherchent, chacun, à s'attirer les sympathies nécessaires aux prochaines élections qui tardent à venir, sachant que tout est lié à l'adoption de la nouvelle Constitution par l'Assemblée constituante dont les membres (députés) ne semblent pas pressés pour clore ce dossier. Saisissant l'occasion de l'assassinat de l'opposant et député Mohamed Brahmi le 25 juillet dernier, l'opposition est montée au créneau et, depuis cette date, n'a pas reculé d'un iota mettant le pays à genoux et plaçant le gouvernement dans l'obligation de céder. Cependant, ce dernier est encore là malgré l'accord du quartet initiant le dialogue national sur un nom, celui de Mehdi Jomaâ, ministre de l'Industrie, pour conduire le futur gouvernement qui a encore besoin d'une désignation officielle émanant du président de la République qui, jusqu'à ce jour, reste muet à ce sujet. Pour les observateurs, ce retard ne s'explique pas sauf si le président de la République s'adonne à un jeu inavoué. Pour qui roule-t-il ? Personne ne le sait encore. Fait-il le jeu du parti de la majorité Ennahdha pour regagner sa confiance ? Répondre par l'affirmative serait un pas difficile à franchir car la Tunisie d'aujourd'hui vit dans le flou et les alliances se changent comme on "change de chemise". Voilà un bilan succinct d'une année difficile vécue par les Tunisiens. Et comme cela ne suffisait pas, le parti au pouvoir a attendu la veille de la nouvelle année pour réaliser ce que les Tunisiens appellent — aujourd'hui — un hold-up. En effet, profitant de l'absence de nombreux députés de l'opposition, ceux du parti islamiste se sont imposés, tard dans la nuit pour faire adopter, par l'ANC, un projet de loi relatif à la création du "Fonds de la dignité" qui devrait indemniser les victimes de l'ancien régime. Ainsi, le parti islamiste jette un pavé de plus sur le chemin à emprunter par le futur gouvernement qui, sans doute, ne comprendra aucun de ses membres. Et c'est ainsi qu'il mettra en application la déclaration publique de son chef Rached El-Ghannouchi : "Nous allons quitter le gouvernement, mais nous ne quitterons pas le pouvoir". A. K. Nom Adresse email