Ennahdha et leurs adversaires sont toujours engagés dans un dur bras de fer politique autour du sort du gouvernement, conséquence de la gravité de la situation sécuritaire en Tunisie. Après l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi et l'attaque meurtrière contre l'armée la tension est à son comble. D'autant plus que les autorités ont annoncé qu'une patrouille de gendarmes avait été visée par un engin explosif artisanal télécommandé à distance, sans faire de victimes. Le mouvement Ennahdha, qui dirige le gouvernement, et l'opposition prônent tous l'Union nationale, contexte difficile oblige. Mais à la différence que les premiers veulent maintenir leur contrôle sur le gouvernement quitte à l'élargir, alors que les seconds réclament un changement total du cabinet. La dissolution de l'Assemblée nationale constituante, élue en octobre 2011, est aussi exigée par l'opposition. Après la rupture du jeûne, chaque camp organise des manifestations à Tunis et dans d'autres villes du pays pour proclamer ses exigences politiques. Des rassemblements régulièrement émaillés de heurts, mais qui restent pour l'heure circonstanciés. L'impasse politique, associée à la menace terroriste, inquiète vivement en Tunisie et dans la région. Pour beaucoup d'observateurs l'attaque sanglante de Chaâmbi et les assassinats des opposants Mohamed Brahmi la semaine dernière et de Chokri Belaïd en février témoignent bien d'un échec de la politique vis-à-vis des islamistes radicaux. L'opposition accuse Ennahdha d'indulgence à l'égard des salafistes djihadistes qui menacent la sécurité du pays. Malgré les promesses d'élections le 17 décembre 2013 annoncées par le Premier ministre Ali Larayedh, le blocage paraît total. Une soixantaine de députés sur 217 boycottent l'Assemblée constituante, dans le but de pousser vers sa dissolution. Larayedh a exclu cette option. Une position partagée par l'Ugtt, l'Utica et Ettakatol. La dissolution de la Constituante serait assimilée à un véritable retour en arrière dans un processus de transition plus que jamais fragilisé. Et un paysage politique fortement clivé. Les différents partis ne semblent pour l'heure pas en accord sur la nature du prochain cabinet. Gouvernement de compétences pour les uns, gouvernement d'union nationale pour d'autres, les divergences sont exacerbées. Le Premier ministre a de nouveau promis l'adoption de la Constitution courant août et des élections le 17 décembre prochain, pour sortir impérativement de l'impasse. La date est hautement symbolique, il s'agit du jour en 2010 où le vendeur ambulant Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu, donnant le déclic à la révolution tunisienne. Mais beaucoup de Tunisiens restent sceptiques. Depuis l'élection de l'Assemblée constituante, les autorités avaient, en de multiples occasions, annoncé des calendriers électoraux, sans jamais avoir été respectés. Faute de consensus, le pays est toujours sans Constitution. M. B./agences