Le renoncement du Président sortant constituera un tournant dans la course au Palais d'El-Mouradia. Mais ce n'est pas encore acquis, puisque le président Bouteflika compte faire durer le suspense jusqu'à l'ultime minute, tout en prenant soin de s'aménager une sortie honorable, voire historique, et tout en s'assurant que son entourage ne soit pas la cible d'une vendetta à son départ À moins d'un mois de la convocation du corps électoral, les choses commencent à se clarifier peu à peu, avec la quasi-certitude que le président Bouteflika ne se représente pas. Ses partisans l'ont, d'ailleurs, compris et commencent déjà à guetter le moindre signal pour appuyer un autre candidat. Il ne reste que Saâdani qui nage à contre-courant et, qui plus est, s'est permis de s'attaquer à Abdelmalek Sellal, l'un des favoris les plus en vue pour succéder à Bouteflika. Le groupe de cadres du FLN, conduit par Abderrahmane Belayat, attend juste le signal pour renverser le patron imposé à la tête du parti. C'est monnaie courante chez le vieux parti et cela n'étonnerait personne, ou presque. En fait, une partie des cadres du parti a déjà choisi son camp, comme en 2004, pour suivre Ali Benflis, qui devrait annoncer sa candidature dans moins d'une semaine. Une autre partie des cadres serait partante pour soutenir Mouloud Hamrouche, au cas où ce dernier venait à se présenter. Mais le gros de l'appareil du FLN, cette terrible machine à gagner les élections, suivra le candidat du pouvoir. Il va sans dire que le renoncement du Président sortant constituera un tournant dans la course au palais d'El-Mouradia. Mais ce n'est pas encore acquis, puisque le président Bouteflika compte faire durer le suspense jusqu'à l'ultime minute, tout en prenant soin de s'aménager une sortie honorable, voire historique, et tout en s'assurant que son entourage ne soit pas la cible d'une vendetta à son départ. En attendant, donc, la convocation du corps électoral et le début du retrait des formulaires de candidature, force est de constater que les candidats sérieux ne se prononcent toujours pas. C'est que, pour beaucoup d'entre eux, il serait vain de tenter quoi que ce soit si le pouvoir choisit son candidat. C'est d'ailleurs la raison qui pousse Mouloud Hamrouche à temporiser, voire à renoncer à la course, lui dont la candidature a été maintes fois évoquée, comme faisant partie d'un deal entre le FFS et le FLN. Mais cette option a été abandonnée au fil des jours, et l'on lorgne présentement du côté d'Ali Benflis, qui a pris les devants en installant son staff de campagne à l'américaine et dont l'annonce de candidature n'est qu'une question de jours, voire de timing. Disposant de larges soutiens, l'ancien chef de gouvernement et directeur de campagne de Bouteflika rêve de prendre sa revanche. Mais il n'est pas dit que ce serait pour cette fois-ci, en dépit du fait qu'il dispose d'appuis non négligeables. Le scénario le plus sérieux serait un candidat du consensus au sein du pouvoir. Mais là aussi, les choses ne sont pas encore tranchées. Si Abdelmalek Sellal part avec les faveurs des pronostics, lui qui a eu une année et demie à sillonner le pays, à combler le vide laissé par le président malade. Mais Sellal a multiplié les dérives verbales durant cette période, laissant planer le doute sur ses capacités à diriger le pays, et surtout à rassurer l'opinion publique. En plus, il n'a de cesse de répéter qu'il n'a pas d'ambition à occuper El-Mouradia. L'autre option, qui fait son chemin et qui aurait l'aval de tous (ou une partie) des tenants du pouvoir, serait celle de l'actuel chef de la diplomatie. Ramtane Lamamra est en train de marquer des points et de s'affirmer, à travers ses multiples sorties médiatiques, en tant que probable successeur du président sortant. Son CV parle pour lui, son éloquence constitue un atout de taille et, vis-à-vis des partenaires étrangers, il constituerait un gage d'ouverture et de rajeunissement. Pour le reste, des candidats sont annoncés par-ci, par-là, sans trop convaincre de leurs capacités de peser dans la course d'avril prochain. Le grand perdant, comme ce fut le cas durant les législatives de 2012, ce sera le camp des islamistes qui n'a pas réussi à s'accorder sur un candidat de consensus, en raison des ambitions personnelles démesurées des uns et des autres et de la méfiance perpétuelle qui ronge ce camp. Deux ex-potentiels favoris semblent être tombés définitivement des tablettes : Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem. Après avoir été, durant longtemps, présentés comme de probables futurs successeurs, ils ont été mis sur la touche et pourraient bien se contenter de postes diplomatiques, en guise de lot de consolation. Tout indique, donc, que l'on se dirige, encore une fois, vers une élection fermée, avec de nouvelles têtes, mais pour perpétuer le même système. Le changement dans la continuité, cher au vieux parti, serait le leitmotiv du scrutin d'avril prochain. A B Nom Adresse email