Pour Nabil Fahmi, la décision souveraine de l'Egypte devrait être respectée par la communauté internationale, selon la législation en vigueur en matière de lutte antiterroriste. Le chef de la diplomatie égyptienne était assailli hier par les questions des journalistes, au terme de sa courte visite à Alger. Sur la défensive, Nabil Fahmi a maintes fois tenté d'user du langage diplomatique habituel, en évoquant les relations bilatérales, la coopération et la concertation sur les questions régionales d'intérêt commun, la situation tendue en Egypte s'est imposée d'elle-même et a constitué l'essentiel de la conférence de presse conjointe, tenue avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra. Ce dernier a, d'ailleurs, facilité la tâche de son hôte en martelant que l'Algérie ne s'ingérait pas dans les affaires internes des autres pays. C'est d'ailleurs ce leitmotiv qu'avance le chef de la diplomatie égyptienne pour rejeter en bloc les reproches faits, ici et ailleurs, au sujet du renversement du régime du président Morsi et tout ce qui s'en est suivi, jusqu'à l'inscription de l'organisation des Frères musulmans sur la liste des organisations terroristes. Pour Nabil Fahmi, la décision souveraine de l'Egypte devrait être respectée par la communauté internationale, selon la législation en vigueur en matière de lutte antiterroriste. Toutefois, il laissera la porte ouverte aux autres courants islamistes qui refusent la violence de pouvoir continuer à activer dans la légalité. Ne mâchant pas ses mots, il s'en prendra aux responsables américains qui ont critiqué la décision égyptienne, rappelant qu'au lendemain des attentats du 11 Septembre, les Américains avaient pris des mesures d'exception et que la prison de Guantanamo, encore en activité, figure parmi ces mesures d'exception, ajoutant que les Américains d'origine arabe ont souffert le martyre au lendemain des attentats du 11 Septembre du fait de la stratégie de "profiling" initiée par l'administration américaine à leur encontre. Avant de conclure que le choix et la priorité sont la sécurité de l'Egypte. Le chef de la diplomatie égyptienne réfute la thèse du complot concocté par Washington pour destituer Moubarak. Pour lui, c'est le peuple égyptien qui l'a démis et c'est ce même peuple qui va décider de son avenir, tout en précisant que les forces armées égyptiennes n'ont fait que répondre et suivre cette volonté populaire. Estimant que son pays refusait de s'ingérer dans les affaires internes de l'Algérie et que, par voie de conséquence, ce qui se passe en Egypte est une affaire purement égyptienne, Nabil Fahmi minimise l'hostilité exprimée par certains partis politiques algériens quant à sa visite, estimant qu'il s'agit là de l'expression d'une partie de la classe politique algérienne. Même s'il a répété, à maintes reprises, que sa visite en Algérie n'était pas liée à la situation en Egypte, le chef de la diplomatie égyptienne a quand même évoqué la crise ouverte avec le Qatar et la convocation de l'ambassadeur qatari pour des explications au sujet des déclarations des officiels qataris que les Egyptiens jugent inacceptables. "L'Egypte ne reviendra pas sur ses décisions. Il n'y aura pas de place pour le terrorisme en Egypte", avertit Nabil Fahmi. Mais ni lui ni Ramtane Lamamra n'évoqueront une probable médiation algérienne entre Le Caire et Doha. En revanche, il a été clairement établi que l'Egypte sollicite l'appui de l'Algérie en vue de revoir la décision de l'UA de geler la participation de l'Egypte. Là aussi, le chef de la diplomatie égyptienne estime que la décision de l'instance africaine était une erreur qu'il faudrait corriger au plus vite. Ramtane Lamamra, accusé par la presse égyptienne d'avoir décidé de l'exclusion de l'Egypte de l'UA, a tenu à rétablir la vérité : "Ce n'est pas une exclusion, mais un gel. Le conseil de sécurité de l'UA n'a fait qu'appliquer les résolutions du sommet de l'UA tenu à Alger, au sujet des changements non constitutionnels. Nous n'avons jamais exclu un pays africain. Dès le retour à l'ordre constitutionnel, les choses devront rentrer dans l'ordre." A. B Nom Adresse email