Le secrétaire d'état américain avait pourtant crédité sa dixième tentative de bonne, promettant une "paix juste" pour les Palestiniens. Il a fait preuve de cynisme car il savait pertinemment qu'Israël n'a nullement l'intention de céder d'un pouce sur ses nouvelles exigences, à savoir la poursuite de sa colonisation sur la Cisjordanie qui ressemble de toutes les façons à des confettis. Il a même poussé le bouchon en consultant au deuxième jour de son périple, son homologue israélien, le ministre Avigdor Lieberman, pour qui les Palestiniens doivent être repoussés vers les pays arabes voisins. La chaleureuse poignée de main avec ce raciste notoire est tout un symbole de l'alignement américain sur Netanyahu. En outre, pour essayer d'arracher de nouvelles concessions à l'Autorité palestinienne, John Kerry a cherché à rallier la Jordanie et de l'Arabie Saoudite, leur faisant miroiter un règlement équilibré de la crise qui sévit dans le Moyen-Orient depuis 1948. Tous les observateurs auront remarqué le retournement de veste du secrétaire d'Etat d'Obama. Autant il faisait montre d'intransigeance à l'égard des Israéliens, autant aujourd'hui, il s'est couché devant leur politique. En fait, Il n'a pas innové puisque le président américain avait fini lui aussi par obéir complètement aux injonctions de Netanyahu qui l'a fait rappeler à l'ordre par les lobbys juifs, très puissants dans les institutions américaines. Artisan de la reprise en juillet 2013 des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens après près de trois ans de suspension, John Kerry aura au moins perdu la main avec ses interlocuteurs palestiniens qui lui ont signifié que pour faire avancer le dialogue dans l'impasse, il n'avait qu'à s'en prendre à lui-même pour contraindre Netanyahu à abandonner la colonisation. Il est rentré à Washington laissant la détermination du président Obama et la sienne à proposer des idées qui soient "justes" et "équilibrées" et qui "améliorent la sécurité de toutes les populations", sur le qui de la gare. Le puzzle ne s'est pas mis en place après trois jours de tractations avec les Israéliens, et de pressions sur les Palestiniens, les Saoudiens et les Jordaniens. Le royaume hachémite frontalier de la Cisjordanie n'a plus de prises sur les Palestiniens et son roi est surtout préoccupé par le développement de la situation en Syrie avec la montée de l'islamisme djihadiste. Le royaume wahhabite est l'auteur d'une initiative de paix israélo-palestinienne de la Ligue arabe (terres contre la paix), mais il n'occupe plus la position cardinale au Proche-Orient. Les deux souverains ne sont pas en posture de donner des conseils ni même de faire pression sur Mahmoud Abbas le président de l'Autorité palestinienne qui de toutes les façons a déjà trop cédé au point où il est contesté par les siens. Kerry avait dans son sac un projet d'accord-cadre traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens, que les deux parties ont rejeté! Abbas n'a plus rien à donner et Netanyahu l'a accusé de mener une campagne "d'incitation à la haine, avec son opposition à la reconnaissance d'Israël comme Etat du peuple juif". Parmi les nouvelles exigences israéliennes, la question récurrente de la sécurité d'Israël, qui doit bien sûr rester entre les mains d'Israël. Netanyahu a renvoyé à sa copie Kerry en rejetant catégoriquement les propositions américaines pour assurer la sécurité dans la vallée du Jourdain, entre la Cisjordanie et la Jordanie, qui s'appuient sur un éventuel déploiement de systèmes de surveillance sophistiqués. La sécurité doit rester entre les mains d'Israël. Netanyahu exige qu'un futur Etat palestinien soit démilitarisé et qu'Israël puisse y maintenir une présence militaire à long terme sur la frontière avec la Jordanie. D. B Nom Adresse email