En plus d'un nettoyage en règle de la hiérarchie policière, Erdogan a également lancé, sanctions à l'appui, une vaste opération de reprise en main de la justice, elle aussi accusée de participer au complot contre lui à trois mois des élections municipales du 30 mars. Le nez face au mur de la contestation qui fuse même de ses propres rangs, le Premier ministre turc s'en prend à la police accusée de fomenter un complot contre lui et menace la justice d'un sort identique. Recep Tayyip Erdogan qui dirige d'une main de fer un gouvernement islamo-conservateur composé d'islamistes de l'AKP, une variante plus aboutie des Frères musulmans d'Egypte, est passé à la contre-offensive après la cascade de scandales liés à l'affairisme et à la corruption, qui déferle en Turquie depuis le 17 décembre. D'abord, il s'est attaqué à la police qui a diligenté ces enquêtes. En plus de ce nettoyage en règle de la hiérarchie policière, Erdogan a également lancé, sanctions à l'appui, une vaste opération de reprise en main de la justice, elle aussi accusée de participer au complot contre lui à trois mois des élections municipales du 30 mars. Il a dessaisi des dossiers de la corruption le procureur Muammer Akkas. La principale institution judiciaires du pays, le Haut Conseil des juges et procureurs (HSKY), se s'est pas pour autant avoué vaincue et elle a lancé mardi soir une nouvelle pierre dans le jardin du gouvernement. Des procureurs anticorruption ont ordonné mardi un nouveau coup de filet dans cinq villes et interpellé 25 personnes dans un autre volet de l'enquête. Elles sont soupçonnées de fraude et de corruption en marge d'appels d'offres passés par la société publique des chemins de fer (TCDD). Plusieurs dizaines d'hommes d'affaires, de patrons, de hauts fonctionnaires et d'élus, dont les fils de deux ex-ministres, ont déjà été inculpés ou incarcérés dans le cadre du scandale, qui a provoqué la démission de trois membres du gouvernement et précipité un large remaniement ministériel. Dénonçant publiquement les pressions politiques sur les magistrats, le HSKY a ouvert une enquête contre le tout nouveau chef de la police d'Istanbul Selami Altinok, soupçonné d'avoir ordonné à ses officiers de ne pas exécuter un mandat d'arrêt visant une trentaine de personnalités proches du pouvoir islamistes, protégés d'Erdogan. Ces derniers jours, Erdogan, depuis dimanche en tournée d'une semaine en Asie, a accusé à de multiples reprises la police et la justice de son pays de faire partie d'un "Etat dans l'Etat" qui aurait juré sa perte. Même s'il ne l'a jamais nommée, le Premier ministre soupçonne la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, très influente dans ces deux institutions, d'être la principale composante de ce "gang criminel", selon lui. Le chef de la confrérie vit en exil aux Etats-Unis, d'où le coup de gueule d'Erdogan contre Washington qu'il accuse de participer au complot. Erdogan veut enlever ces épines de son pied avant les municipales de juin mais apparemment, il n'est plus consensuel, comme il l'a été durant ses trois mandats. La contestation contre son autoritarisme et la révélation que son pouvoir islamiste n'est pas du tout moral comme il le proclamait à tout bout de champ, a gagné son parti. Des députés de l'AKP lui ont claqué la porte au nez. D. B Nom Adresse email