En annonçant que la collecte de signatures en faveur du chef de l'Etat sortant avait commencé, Amar Ghoul cherchait-il à faire le forcing pour la candidature de Bouteflika et accessoirement en tirer les dividendes ? Mais quelle mouche a donc piqué Amar Ghoul pour annoncer le début de la collecte des signatures au profit du candidat Abdelaziz Bouteflika ? Au lendemain de sa sortie pour le moins inattendue, le ministre des Transports, réputé proche du cercle présidentiel, a été désavoué par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, un des principaux responsables de l'organisation du scrutin du 17 avril prochain. "Jusqu'à présent, le président de la République n'a adressé aucune demande au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales exprimant le vœu de présenter sa candidature à la prochaine présidentielle", a déclaré à la presse, hier, Tayeb Belaïz, en marge de la clôture de la session d'automne du Sénat. Quelque temps auparavant, c'est le Premier ministre lui-même, Abdelmalek Sellal, qui suggérait que le président Bouteflika n'a pas encore retiré les formulaires de candidature. "Le délai pour la clôture de l'opération de retrait des formulaires de candidature n'est pas encore arrivé à son terme et le président Bouteflika a tout le temps pour retirer les formulaires", a assuré Sellal. Pourtant, samedi, en lançant le "groupe pour la loyauté et la stabilité", un conglomérat de petits partis, dont la plupart ont vu le jour à la faveur de la nouvelle loi sur les partis politiques adoptée en 2012, le président de Taj, Amar Ghoul, a annoncé que ce groupe a entamé la collecte des signatures. Ce qui signifie, en d'autres termes, que le retrait des formulaires a été bel et bien effectué. Dès lors, on ne peut que s'interroger sur les considérations qui sous-tendent cette cacophonie au sein de l'Exécutif. Cafouillage au sommet Amar, Ghoul dont l'ascension et le maintien à la tête de l'Exécutif doit beaucoup à Bouteflika, a-t-il trop vite, et probablement par méprise ou par calcul, révélé ce qu'on s'évertue, au sein du cercle présidentiel, à maintenir encore dans le flou, histoire de dérouter observateurs et adversaires ? Ou, comme l'ont fait avant lui Amar Saâdani, le secrétaire général contesté du FLN, Amara Benyounès, chef du MPA, ou encore Abdelmadjid Sidi-Saïd de l'UGTA, cherchait-il à faire le forcing pour la candidature de Bouteflika et accessoirement en tirer les dividendes, lui qui l'annonce le premier et se présente comme le coordonateur du conglomérat des partis acquis à Bouteflika ? En lui apportant un démenti cinglant, une réponse qui charrie les relents d'un rappel à l'ordre, Tayeb Belaïz ne fait que confirmer les incertitudes qui pèsent sur une éventuelle candidature du président Bouteflika pour un nouveau bail à la tête de l'Etat. Elle ne traduit qu'un cafouillage, voire une guerre au sommet qui ne dit pas son nom. Affaibli par la maladie, Abdelaziz Bouteflika, qui ne s'est pas exprimé publiquement depuis son fameux discours de Sétif en mai 2012, demeure au cœur de l'enjeu pour la présidentielle. Tandis que ses partisans misent sur son rétablissement, un vœu que dissimule difficilement le tapage fait par ses soutiens, ses adversaires, eux, parient sur son retrait. Mais entre les uns et les autres, c'est le bras de fer. Ce qui s'explique sans doute par ce grand flou artistique à quelques semaines de la présidentielle, ces silences forts éloquents des poids lourds de l'opposition et ces déclarations-démenties de ses proches et partisans. Mais, comme toujours, c'est le pays, pris en otage, qui en pâtit. K. K Nom Adresse email