Après l'interruption des négociations de Genève II, l'émissaire onusien Lakhdar Brahimi a repris son bâton de pèlerin pour que les négociations aient plus de chance. Alors que les regards sont fixés sur le 10 février, date du troisième round de la conférence internationale de paix en Syrie, les grandes capitales occidentales, parties prenantes du processus devant résoudre la guerre intersyrienne par voie diplomatique et politique, se sont remises à attaquer Damas, sous prétexte d'accroître la pression sur le régime de Bachar Al-Assad Damas pour obtenir un meilleur accès humanitaire et accélérer l'élimination des armes chimiques. Cette offensive est plutôt interprétée par les observateurs comme une provocation qui risque de faire échouer la mission du médiateur international. Les premières discussions entre pouvoir et opposition sous son égide, à Montreux puis à Genève dans le siège de l'ONU, n'ont abouti à aucun résultat concret, mais les protagonistes syriens s'étaient donné rendez-vous pour un Genève III, grâce notamment aux efforts de Lakhdar Brahimi. Un projet de résolution du Conseil de sécurité est, par ailleurs, en préparation pour réclamer que les humanitaires puissent accéder à trois millions de civils pris au piège à Homs, dans le centre de la Syrie, et dans d'autres villes assiégées. La communauté internationale a jugé totalement inacceptable que 2500 civils restent assiégés, depuis 600 jours, dans la vieille ville de Homs, et d'autres bloqués dans la Ghouta, la banlieue de Damas, alors que les camions de l'ONU sont prêts à aller les secourir. Ce texte a été rédigé par des pays arabes, d'un côté, l'Australie et le Luxembourg, de l'autre, mais il faudra attendre de voir si Damas veut bien laisser passer les aides alimentaires, médicales et sanitaires. Moscou n'a aucune envie de devoir bloquer une résolution humanitaire, selon les milieux proches du Conseil de sécurité, et doit persuader son allié syrien d'ouvrir ses villes assiégées. Le programme de destruction des armes chimiques fournit un autre moyen de pression sur Bachar Al-Assad. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a menacé le président syrien de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité s'il ne respectait pas ses obligations de destruction de son arsenal chimique. Bachar Al-Assad s'est engagé à éliminer tout son arsenal d'ici à fin juin sous peine de sanctions, voire de recours à la force, comme l'a rappelé John Kerry. Or moins de 5% des agents chimiques les plus dangereux ont jusqu'à présent été évacués de Syrie, a constaté l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a appelé à "accélérer le rythme". D'après le plan de destruction approuvé par l'ONU, la Syrie aurait dû avoir évacué au 31 décembre 2013 ses 700 t d'agents chimiques les plus dangereux, notamment ceux qui composent les gaz moutarde et sarin. D. B. Nom Adresse email