Le mouvement de protestation des enseignants n'est qu'un simple artifice et un argument fallacieux derrière lequel les postulants à l'université se cachent pour alléger un programme surchargé qui restera inachevé, même sans grève. Et ce qui devait arriver arriva ! Après les enseignants et les autres travailleurs de l'éducation nationale, c'est au tour des candidats au baccalauréat 2014 de se révolter. Les élèves en classe terminale investissent la rue et se concertent notamment via les réseaux sociaux pour constituer un front commun et défendre leur cause face au département de Baba Ahmed. Les candidats refusent de sacrifier leurs vacances scolaires et leurs week-ends pour rattraper des cours ratés en raison d'un conflit qui ne les concerne pas. Une manière pour eux de forcer la main au ministère de l'Education nationale pour rétablir le seuil du programme. Officiellement, les manifestants justifient leur demande par la grève des enseignants. "Nous avons pris du retard en raison de la grève. Une fois arrêtés, les enseignants vont certainement accélérer la cadence et faire dans le bourrage de crâne pour finir le programme", confie un lycéen. Un autre ajoute : "Le programme est surchargé et nous n'aurons jamais le temps de tout faire. Il faut que le ministère revienne sur sa décision de supprimer le seuil des programmes." Les candidats au baccalauréat se passent le mot et font tout pour mobiliser les moins motivés, convaincus de l'urgence de faire pression sur la tutelle pour faire aboutir leur doléance. Une situation de déjà-vu et qui était des plus prévisibles dès l'agitation de la menace de débrayage par les syndicats. Il ne faudrait pas, cependant, se voiler la face et croire que cette demande est une simple résultante de la protestation des enseignants. Il est vrai que le mouvement de grève implique inévitablement un retard dans l'exécution des programmes pédagogiques, mais c'est loin d'être le véritable motif de la demande des lycéens en classe terminale. Le mouvement de protestation des enseignants n'est qu'un simple artifice et un argument fallacieux derrière lequel les postulants à l'université se cachent pour parvenir à leurs fins : alléger un programme surchargé que les enseignants ne pourront finir même avec trois trimestres stables. À quelque chose malheur est bon, dit-on. Les enseignants, qui sont traités de tous les noms et accusés de tous les maux d'un système qui a démontré ses limites depuis des décennies, ont servi les intérêts des élèves. En d'autres termes, grève ou pas, les lycéens auraient réclamé le seuil des programmes. Les enseignants n'ont fait que faciliter et précipiter une demande qui allait se faire dans tous les cas de figure. En témoignent les élèves concernés qui justifient aussi, voire surtout, cette éternelle rengaine par : "cette faveur a été accordée aux précédents postulants, alors pourquoi pas nous ?" Un argument qui est loin d'être probant certes, mais qui constitue, tout comme l'alibi de la grève, les seuls artifices pour alléger un programme trop chargé qui démotive le plus studieux des candidats. Les précédentes et longues grèves des enseignants ont engendré le recours au seuil des programmes, inventé par Benbouzid. mais depuis 2008, les élèves ont en fait un acquis. En un mot, la révolte des postulants au bac est certes née de l'instabilité du secteur, mais elle cache le malaise et l'échec de tout un système. M B Nom Adresse email