Le scénario était dans l'air depuis plusieurs années déjà, précisément depuis la première hospitalisation du président Bouteflika en 2005. La révision de la Constitution avait été évoquée, et le pouvoir a même organisé, en 2011, des consultations avec les partis, les associations et les personnalités politiques en vue de recueillir leurs propositions. L'année dernière, une commission a été installée pour plancher sur le projet de révision constitutionnelle. Au lendemain du déclenchement du Printemps arabe, le président Bouteflika avait promis certaines réformes politiques, à leur tête la révision de la Constitution. Mais tout le monde savait que le point d'orgue dans cette révision avait trait à la création d'un poste de vice-président, qui suppléerait au chef de l'Etat affaibli par sa première hospitalisation, mais toujours décidé à rester aussi longtemps au pouvoir. La révision constitutionnelle devait intervenir au courant du printemps dernier, mais la nouvelle et longue hospitalisation du président Bouteflika pour un AVC a fini par reporter cette échéance. Ses partisans ont espéré, jusqu'à l'ultime moment, que cette révision intervienne avant l'élection présidentielle, comme prévu auparavant. Mais la dégradation de l'état de santé du Président et les doutes qui entouraient son intention de briguer ou non un quatrième mandat ont rendu impossible cette révision dans l'immédiat. Ceci dit, la création d'un poste de vice-président est restée d'actualité et s'impose de fait au Président malade. Elle devrait être entérinée juste après le scrutin d'avril prochain. Ce qui voudrait dire que le vice-président sera désigné et non pas élu. Le futur vice-président aura la charge de suppléer au Président malade et faire oublier ses longues absences et son incapacité à s'acquitter de ses tâches constitutionnelles. Evidemment, le Président avait pris le soin de tout verrouiller, histoire de ne pas être "débarqué", en vertu de l'article 88 de la Constitution, qui évoque l'empêchement pour raison de santé. En mettant ses fidèles à la tête du Conseil constitutionnel, des ministères de la Justice et de l'Intérieur, et en concentrant les pouvoirs de l'armée entre les mains d'un fidèle, tout en réduisant considérablement l'influence du DRS, le président Bouteflika avait balisé le terrain pour un mandat à vie, sachant qu'il avait, auparavant, fait le vide autour de lui. À présent, aucun candidat ne pourrait rivaliser avec lui et aucun parti n'est en mesure de proposer une alternative sérieuse actuellement. Il reste à savoir à qui échoira le poste de vice-président ? Pour le moment, plusieurs noms ont été avancés, à commencer par l'actuel Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Mais ce dernier ne compte pas que des amis dans l'entourage du Président et le patron imposé à la tête du FLN l'a clairement fait savoir. D'autres personnalités ayant occupé des postes de responsabilité ont été citées, à commencer par Ahmed Ouyahia, mais aussi, Mouloud Hamrouche. Mais s'il y a une certitude c'est que le nom du futur vice-président sera déterminé en fonction des attributions qu'il aura dans la future révision constitutionnelle. Sera-t-il un simple figurant, exécutant en lieu et place les tâches dévolues au président malade ? Sera-t-il une marionnette entre les mains du clan ? Aura-t-il la charge de garantir l'immunité du clan ? Ou sera-t-il le président de substitution ? Le remplaçant idéal pour un Président dont le quatrième mandat est placé sous le signe "mourir sur le trône et assurer l'immunité du clan" ? Du pain sur la planche pour le futur détenteur du poste. A B Nom Adresse email