Le 13 décembre 1988, un an avant la chute du mur de Berlin et l'effondrement définitif du bloc de l'Est, le protocole de négociation entamé à Brazzaville entre Cuba, l'Angola et l'Afrique du Sud sous la médiation des Etats-Unis d'Amérique allait consacrer la fin d'un énième épisode de la guerre froide délocalisé en Afrique australe. Ce protocole, qui donna lieu à la signature des accords du 22 décembre 1988 de New York, ouvrit la voie : à l'indépendance de la Namibie par la mise en œuvre de la résolution 435 sur le Sud-Ouest africain adoptée le 29 septembre 1978 ; au retrait des troupes cubaines et sud-africaines d'Angola ; et ultérieurement, à la libération de Nelson Mandela puis l'avènement de la nouvelle nation "arc-en-ciel", partant du principe que du moment que le régime de l'apartheid était prêt à conclure la paix avec ses Etats voisins dits de la "ligne de front", il amorcerait irrémédiablement un dialogue avec l'ANC en vue de négocier une issue pacifique à la fin de la ségrégation raciale. L'événement méritait donc que l'on fête son quart de siècle. Initialement prévu le 13 décembre 2013, il fut reporté en raison de la disparition de Nelson Mandela le 11 février 2014, date significative, puisqu'elle correspond au 24e anniversaire de la libération de Madiba. Le président sud-africain Jacob Zuma, accompagné des petits-enfants de Madiba représentant leur grand-mère, Mme Winnie Madikizela-Mandela, absente pour raison de santé, ont participé aux côtés des chefs d'Etat du Togo et de Sao Tomé-et-Principe, ainsi que de l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade aux festivités organisées par le président Sassou-Nguesso du Congo, hôte de cérémonie. La venue d'une pléiade de prix Nobel de la paix, le Finlandais Martti Ahtisaari, l'Egyptien Mohamed al-Baradei et le Bengladeshi Muhammad Yunus, accompagné de l'inégalable Irlandaise Mary Robinson, ancienne présidente d'Irlande et Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme de 1997 à 2002, conférait à cette commémoration un intérêt bien fondé. Le seul bémol à signaler est le choix, sans doute dicté par d'autres considérations, d'un panel de journalistes français bien étranger à l'Afrique, à ses cultures et surtout à son histoire pour animer une cérémonie qui aurait gagné à être présentée et animée par des spécialistes bilingues africains connaissant et maîtrisant la thématique, à même de faciliter le débat des illustres orateurs et panelistes, sans surfer sur des connaissances approximatives et, de surcroît, détachées du contexte. Les participants ont pu aussi visionner le documentaire Plot for Peace (complot pour la paix, Prix du meilleur documentaire international au festival Galway 2013, réalisé par Mandy Jacobson et Carlos Agulló, produit par l'ONG sud-africaine African Oral History Archive) qui met en exergue l'œuvre du non moins mystérieux homme d'affaires algérois, Jean-Yves Ollivier (voir note) dans la libération des prisonniers angolais et sud-africains durant la négociation qui a amené à la conclusion du protocole de Brazzaville. Le documentaire s'appuie sur des interviews des participants au "complot" : "Pik" W. Botha, ancien ministre sud-africain des Affaires étrangères, Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique, Winnie Mandela, Thabo Mbeki, ancien président de l'Afrique du Sud, Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo Le film évoqué ci-dessus eut, entre autres mérites, celui de rafraîchir nos mémoires dans un pays où il faisait plus de 30°C avec 75% de taux d'humidité en sortant des oubliettes le passé marxiste-léniniste de la République populaire du Congo. Les longs panneaux maintenant disparus de Marx, Engels et Lenine ornaient autrefois les artères de Brazzaville. À la faveur de cette cérémonie du souvenir, j'ai rencontré un Algérien par hasard. Ni lui ni moi n'avions l'intention de nous voir ; je lui ai alors demandé des nouvelles de la situation politique d'Alger au moment où j'apprenais avec tristesse le crash de l'avion sur Constantine. Il me répondit par une citation de Gramsci : "Il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté." Je ne demande qu'à y croire, même si je sais pour l'avoir vu depuis ces années que le leurre et la perfidie ont décrépi toutes les bonnes volontés. Mais bon, acceptons-en l'augure, puisqu'il le faut, et restons prisonniers de l'espoir jusqu'au jour où nous sèmerons partout sur cette terre d'Algérie, bénie par Dieu et maudite par certains de ses enfants, les graines de l'avenir. Dr N. B. Repères En 1944, le général de Gaulle prononça le célèbre Appel de Brazzaville qui préfigurait le droit prochain des colonies à l'indépendance. Le Congo accéda à l'indépendance le 15 août 1960. On compte selon les relevés de l'ambassade d'Algérie moins de 100 ressortissants algériens répartis entre la République du Congo (Brazzaville) et la République centrafricaine. Notre pays dispose d'une représentation diplomatique depuis plus de trente ans au niveau de l'avenue du colonel Brisset. Les relations entre les deux pays sont régies par un accord paraphé le 8 juillet 1972 à Alger portant création d'une grande commission mixte qui s'est réunie pour la dernière fois dans les années 80. Force est de constater que les pérégrinations soutenues de certains ministres n'ont pas suffi pour affirmer l'influence de notre pays dans la sous-région. Bien au contraire, la voix de l'Algérie est inaudible et sa présence ressemble plus à une absence qu'à tout autre travail sérieux d'influence et de coopération. Ambassade d'Algérie Av. du Colonel Brisset BP : 2100 Brazzaville Email : [email protected] Nom Adresse email