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Les oranges amères 63e partie
Publié dans Liberté le 12 - 03 - 2014

Résumé : Pour satisfaire la curiosité de son fils, Hassen se lance dans un long récit. Il lui parle de Camélia, cette journaliste qu'il avait rencontrée et dont il était tombé amoureux à la première seconde. Il voulait divorcer pour l'épouser... Elle avait refusé cette perspective... Après son accident, il avait voulu reprendre avec elle, mais elle s'était mariée.
Hassen écrase le mégot dans le cendrier. Ce soir, il avait eu le courage de remonter un peu dans son passé. Il voulait tant éteindre la flamme qui brûlait dans son cœur et torturait son âme. Mais il savait que rien ne pourrait venir à bout de cette souffrance dont il avait héritée et qui continue à tourmenter ses jours et sa vie. Aimed juge opportun de dire quelque chose... Il avait enfin compris la tristesse qui émanait profondément de l'âme de son père et sur laquelle ce dernier a enfin consenti à lever le voile :
-Excuse-moi papa. Je ne savais pas que tu portais tant de peine en toi.
Hassen soupire :
-Tu n'as pas à t'excuser... Je voulais tout te raconter... Je ne pouvais garder éternellement le secret sur cet amour qui m'a tant marqué.
-Tu n'as jamais plus essayé de retrouver cette femme ?
-Non... A quoi cela aurait-il servi ? Elle avait choisi quelqu'un d'autre... Je ne pouvais la blâmer ni la forcer à m'aimer.
-Tu disais que c'était le coup de foudre entre vous deux...
-Certes, mais elle était tellement offusquée à l'idée de m'épouser alors que je devais divorcer d'une autre femme... Cette situation la mettait dans tous ses états... C'est pour ça qu'elle a préféré épouser un autre homme et même quitter la ville pour ne plus me revoir.
-Donc, de son côté aussi, c'était un sacrifice.
-Peut-être bien... Je ne pourrai jamais le savoir ni en être certain d'ailleurs... On dit que les femmes sont perfides...
Il sourit :
-Je plaisante bien sûr... Ah ! Aimed, si j'ai un conseil à te donner, c'est de savoir choisir la compagne de tes jours. Une vie à deux n'est point aisée si les sentiments ne sont pas profonds et surtout pas partagés...
-Je te comprends papa... Tu deviens aigri avec l'âge et avec ce que tu as vécu... Mais ne t'inquiète pas pour moi... Je ne reviendrai pas sur mon choix.
-Eh bien, l'avenir nous le dira mon fils... Je ne te souhaiterais jamais de vivre des expériences comme les miennes... Une première avec ta mère, et la seconde avec cette femme.
-Elle s'appelait comment ?
Il soupire encore :
-Elle avait un très beau prénom. Je... je dirais un prénom qui évoque une fleur : Camélia.
-C'est très joli... Tiens... La mère de Doria s'appelle aussi Camélia.
-Sans blague !
-Je t'assure que c'est vrai... Doria est tellement fière de sa mère qu'elle me parle d'elle très souvent.
Hassen fronce les sourcils :
-Tu m'avait dis qu'elle dirigeait un journal. C'est ça ?
-Oui, c'est bien ça.
Aimed comprend vite à quoi son père faisait allusion et il s'empresse de poursuivre :
-C'est une simple coïncidence, j'en suis certain. Je ne crois pas qu'il y ait une relation avec cette journaliste que tu as connue dans le temps.
Hassen répondit d'une petite voix :
-Moi non plus... Mais parfois le hasard nous donne des gifles... Oh ! Ne t'inquiète pas Aimed, je ne suis pas l'oiseau de mauvais augure qui va venir te mettre les bâtons dans les roues... Des histoires comme la mienne, il y en a par centaines... Je ne pense pas que la mère de Doria ait quelque chose à voir avec moi...
Il prend Aimed par les épaules :
-Nous ferions mieux d'aller prendre quelques heures de repos mon fils... Il se fait tard, et nous sommes tous les deux trop fatigués pour continuer cette discussion... Omar rentrait de travail. Comme tous les soirs, il était le dernier à quitter l'entreprise après avoir fait le bilan d'une journée bien chargée. A force de privations et surtout de volonté, il pouvait se sentir fier et heureux d'avoir réussi à réaliser tout ce dont il avait rêvé. Aujourd'hui, il possède une entreprise qui marche fort bien. Il est marié à la femme qui a toujours fait vibrer son cœur et qu'il aimait jusqu'à ce jour de toute son âme, et puis il y avait Doria, sa fille... La seule qu'il ait pu avoir et pour qui il donnerait sa vie.
(À suivre) Y. H.
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