Dans l'avion qui ramenait la JSK de Yaoundé après le nouveau sacre africain que l'on sait, un homme était particulièrement heureux mais avant tout modeste dans le triomphe. Comme d'habitude, il n'hésite pas à tout mettre sur le compte de ses joueurs. C'est que le nouveau coach de la JS Kabylie, le Français Jean-Yves Chay, a toujours beaucoup de respect pour ses joueurs qui suent du matin au soir pour placer à chaque fois la barre plus haut et gravir d'autres échelons dans la hiérarchie continentale. “Cette victoire appartient avant tout aux joueurs et rien qu'aux joueurs qui ont travaillé d'arrache-pied depuis l'inter-saison et consenti d'énormes sacrifices pour décrocher cette nouvelle Coupe d'Afrique”, dira Chay. Pourtant, moins de quatre mois après son arrivée à la barre technique de la formation kabyle, l'ex-entraîneur de l'AS Saint-Etienne a réussi un premier coup d'éclat en remportant une Coupe d'Afrique. “Il n'y a rien d'exceptionnel dans tout cela, car il s'agit d'un objectif premier tracé par le président Hannachi dès les premiers contacts établis l'été dernier en France”, dira-t-il. Mais à défaut d'en faire son titre de gloire ou d'en tirer une très grosse fierté qui ne cadre sûrement pas avec son tempérament d'homme consciencieux qui garde toujours la tête sur les épaules, Jean-Yves Chay se refuse même à verser dans une sorte d'euphorie tout simplement démesurée. “Gagner la Coupe d'Afrique c'est bien, dit-il, mais il faut dès à présent se consacrer au championnat. Un club comme la JSK doit jouer pratiquement sur tous les fronts pour confirmer sa stature et combler ses lacunes.” Il est vrai que les deux dernières défaites face au CRB et surtout face à la JSM Béjaïa ont fait apparemment mal même s'il n'en a fait pas souvent cas. “Qu'on nous laisse savourer, à juste titre, cette nouvelle victoire en Coupe d'Afrique mais nous ne devons pas perdre beaucoup de temps pour recentrer tous nos efforts sur la compétition nationale et nous comptons nous remettre sérieusement au travail dès cette semaine.” Sacré Chay qui écarte, du coup, tout excès de confiance et toute tendance à l'optimisme démesuré. “En football, il n'y a que le travail qui paye et il faut savoir se remettre en cause à chaque fois pour prendre de nouveaux élans et prétendre à d'autres succès”, précise à chaque fois l'entraîneur attitré des Canaris. Et s'il a découvert, avec beaucoup de plaisir, la particularité du football algérien et surtout la passion sans limite que vouent les Algériens au sport roi, le “Chay” regrette toute la pression, parfois extra-sportive qui règne au sein du football africain. “À ce propos, j'ai été personnellement indigné par l'attitude regrettable du président du Tonnerre de Yaoundé, qui a chauffé à blanc le public camerounais pour le dresser dangereusement contre la JSK. J'estime que de tels dérapages sont inadmissibles et qu'un tel dirigeant est indigne de représenter le football camerounais”, estime Jean-Yves Chay, dont on connaît et on apprécie, de plus en plus, les qualités morales et humaines qui font de lui un homme déjà très respecté en Kabylie, et pour qui le bon sens et la sagesse sont des constantes irréversibles. “Dans la vie, le respect des hommes est primordial et le football n'est qu'un jeu qui doit procurer du plaisir et de l'amitié en toute circonstance”, insiste le coach de la JS Kabylie. À ce train, il risque de faire encore de vieux os à Tizi Ouzou, où l'attend très certainement un travail de longue haleine qui pourrait propulser la JSK vers d'autres consécrations. Il est vrai que le travail à long terme est réellement un investissement porteur pour peu que la gestion des hommes dépende, par la force des choses, de la qualité de l'encadrement et du management à grande échelle. Voilà comment Jean-Yves Chay, un Angevin de souche, a atterri en Kabylie, terre des hommes, pour mener à bien une mission qui s'annonce déjà comme passionnante et exaltante tout à la fois. Quatre mois après son arrivée en Algérie, il annonce déjà la couleur ! M. H.