Après plusieurs reports, le secrétaire d'Etat US vient à Alger pour présider avec son homologue, Ramtane Lamamra, la deuxième session du dialogue stratégique algéro-américain entamée à Washington en 2012. La venue de John Kerry en Algérie en cette période sensible semble, de prime abord, créer la polémique si l'on s'en tient aux différents commentaires des candidats en lice pour la présidentielle du 17 avril prochain. Entre ceux qui refusent cette visite officielle, pourtant prévue de longue date, en la qualifiant d'ingérence, et ceux qui la qualifient de soutien à un 4e mandat de Bouteflika, il y a comme une sorte de méconnaissance des mécanismes qui régissent l'establishment américain et une profonde indifférence quant au rôle que doit reprendre l'Algérie sur la scène régionale au-delà des résultats des urnes. La classe politique algérienne est-elle toujours sous le choc du syndrome Powell ? Le déplacement algérois de cet ancien secrétaire d'Etat, sous Bush en décembre 2003, avait été vu, à tort ou à raison, comme un feu vert de Washington à un deuxième mandat de Bouteflika. Si l'on confère un rôle de puissance mondiale aux Etats-Unis d'Amérique, il ne faudrait pas non plus exagérer. Le choix du candidat a été celui du système. Pour la plus grande démocratie dans le monde, il serait aberrant et naïf de croire que les USA soutiendraient un mandat de plus de Bouteflika ou un autre candidat en lice. La présidentielle d'avril prochain est l'affaire du peuple algérien, avec tout ce que l'expression peut charrier comme interprétations. Ce qui intéresse les Américains, en revanche, ils l'ont fait savoir depuis longtemps : le rôle de l'Algérie sur la scène régionale qui devrait être celui d'un soutien à la démocratie naissante en Tunisie à travers une coopération économique renforcée, une aide à la construction d'un Etat en Libye et la consolidation de la paix et de la sécurité au Sahel en soutien à l'intervention militaire française dans la région dans le cadre d'une coopération antiterroriste avec les pays du champ et l'Africom. Le dialogue stratégique n'est pas une affaire de personne mais une affaire d'Etat à Etat. Nom Adresse email