Par ces temps d'élection à l'Algérienne, il n'est pas inutile de rappeler la grande figure de John- Fitzgerald Kennedy qui fut le premier président élu grâce ou en partie à la communication. Sa jeunesse, son charme, sa vitalité furent exploités comme des bénéfices consommateurs inégalables devant le pâle Nixon, pourtant en meilleur santé que lui. Mais ça, on le saura plus tard. Ce n'est pas ce JFK que je voudrais évoquer. Pas plus que celui qui fut pour l'indépendance de notre pays. Ni le boulimique amateur de beau sexe qui en consommait, en 3 minutes, ce qui lui tombait sous la main. Beaucoup d'hommes en font de même. Vous lecteur, vous jurez que vous êtes fidèle à votre femme. Je vous crois. Avec cette réserve : vous ne vous êtes pas fait encore attraper. Tous des JFK ? Par un côté seulement. Pour le reste, y a pas photo. C'était un passionné froid, insensible à l'amour. Il prenait, il jetait. Pour lui, il n'y avait pas de raison d'aimer une pomme plus qu'une poire ou une banane plus qu'une fraise. Cette insensibilité lui conféra le pouvoir de ne jamais se laisser influencer par ses conquêtes. Au vrai, le JFK que je convoque est l'homme de la nouvelle frontière, d'une nouvelle vision de l'Amérique, d'une nouvelle vision du monde. Ecoutons cette voix à nulle autre pareille : "La nouvelle frontière dont je vous parle n'est pas faite d'un ensemble de promesses, mais de défis. Elle ne se résume pas à ce que j'ai l'intention d'offrir au peuple américain, mais ce que j'ai l'intention de lui demander". Ce qui m'émeut dans cet homme si fort en apparence, c'est qu'il avait constamment besoin de se fortifier, à la manière du plus fragile des humains. Il tenait un petit carnet dans lequel il notait les pensées qui le soutenaient par vents contraires. Il aima particulièrement une exergue de l'historien militaire Liddel Hart : "Rester fort, si possible. De toute façon rester calme. Avoir une patience sans limites. Ne jamais acculer un adversaire et l'aider toujours à sauver la face. Se mettre à sa place pour pouvoir voir les choses de la même façon que lui. Eviter le pharisaïsme comme la peste, rien ne rend plus aveugle". Puisse nos politiques, impatients et fébriles, s'inspirer de ce crédo pour hommes d'Etat. Esprit curieux, esprit pratique, JFK avait du mal à dompter une impatience commune à tous les Gémeaux, semble-t-il. Alors à la manière stoïcienne, il tenait la bride courte à son tempérament en le nourrissant avec des pensées éclairantes. Comme celle-ci, de Burke : "Notre patience réussira mieux que notre force". Ou celle-là, de Mill, ma préférée : "Une personne qui croit représente dans la société une puissance égale à quatre-vingt-dix-neuf qui sont simplement intéressées". Tout est dit : il faut croire en vous pour changer les choses, car personne ne croira en vous si vous vous ne croyez pas en vous. Aimez-vous. Croyez en vous. Et le monde sera à vous. Le monde ? Non. La possession de vous-même. Ce qui est bien mieux. H. G. [email protected] Nom Adresse email