Basée sur l'espoir de voir les Algériens aller voter en masse, la bataille n'est pas encore gagnée pour les six candidats en lice. Pour les boycotteurs, les législatives de 2007 sont passées par là. Nous voilà au dernier virage d'une campagne électorale plus fade que jamais à inscrire dans les annales de l'histoire de l'Algérie contemporaine. Alors que les six candidats à la présidentielle du 17 avril 2014 appellent les Algériens à aller voter massivement pour élire le futur président de la République, les autres, entre autres les boycotteurs, maintiennent leur refus total de cautionner ce scrutin entaché, selon eux, de graves irrégularités. Ces derniers, à savoir les opposants au quatrième mandat de Bouteflika, ont évoqué, dès le départ, une fraude massive pour le compte du Président sortant, ainsi que la mainmise sur les moyens de l'Etat et l'argent sale pour plomber ce rendez-vous électoral. Tout le monde a raison, mais chacun défend sa cause. Les six candidats et les boycotteurs se disputent avec acharnement les grosses masses qui ont l'habitude de se rendre aux bureaux de vote. Pour les uns, le succès de cette élection est assujetti au seul facteur du taux élevé de participation. Pour les autres, en revanche, le succès de leur action se veut un facteur déterminant pour barrer la route aux tenants et aux aboutissants d'un quatrième mandat pour Bouteflika. En dehors de cela, la campagne en cours bute sur un ensemble d'événements qui risquent de chambouler toutes les cartes. Et ces événements touchent fort malheureusement les six candidats en lice, les grandes villes et régions d'Algérie. À elles seules, les régions d'Alger, de Constantine, de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Bouira et de Ghardaïa, soit près de 8 millions d'habitants, sont branchées aux seules revendications, tant historiques que quotidiennes, qu'ignore le pouvoir en place, mais aussi les candidats qui n'ont pas beaucoup de cartes à jouer. Et à ce stade de la campagne, l'erreur n'est pas permise. Non concernés par le Printemps arabe, les Algériens ne manifestent absolument aucun intérêt à cette campagne et, du coup, au prochain scrutin. Alors que les boycotteurs et le mouvement citoyen Barakat ne cessent de disqualifier ce scrutin qui s'apparente, par ailleurs, à une véritable mascarade, la région de Ghardaïa bouillonne encore. Avec des centaines de locaux commerciaux et des dizaines de maisons incendiés, sans compter l'effet de l'exode des populations et le désinvestissement économique dans la région, l'on se demande qui est ce candidat qui pourrait convaincre la vallée du M'zab à se rendre massivement aux urnes. Jusqu'au jour d'aujourd'hui, tous les panneaux d'affichage dédiés aux six candidats sont vides. Personne n'ose se rendre dans les villes de Ghardaïa, pas même Abdelmalek Sellal qui y a séjourné, il y a quelques semaines, avec les notables pour rétablir l'ordre et éteindre les braises. La tension est tellement vive que les populations de Ghardaïa ignorent totalement ce qui se passe sur la scène politique. En Kabylie, comme à Béjaïa, à Tizi Ouzou et à Bouira, plusieurs marches sont annoncées à la veille de ce scrutin pour célébrer le 34e anniversaire du Printemps berbère. Ces marches et bien d'autres actions interviendront à trois jours du scrutin, et la revendication principale des populations, à savoir l'officialisation de tamazight, influera directement sur l'état d'esprit qui anime les électeurs aguerris aux mensonges du pouvoir en place. D'autres marches sont également prévues dans plusieurs régions de l'Est algérien, comme Sétif, Khenchela et Batna, pour également célébrer la date historique du 20 avril 1980. En revanche, le Constantinois connaîtra, à son tour, un taux d'abstention jamais enregistré dans la région, notamment dans les cités et quartiers d'Ali-Mendjeli. D'autres foyers de tension couvent un peu partout dans le pays. Alors que certains sit-in revêtent un caractère purement politique, comme les rassemblements contre un quatrième mandat, d'autres sont d'ordre social. Et ces derniers constituent un facteur déterminant pour cette élection du fait que les manifestants ne voient rien venir. Avec un gouvernement qui tourne au ralenti, des P/APC démunis de toutes les prérogatives et des walis réquisitionnés pour faire campagne au Président sortant, l'on s'interroge vraiment si le jour J connaîtra un engouement d'avant 2007, lorsque les Algériens ont exprimé, haut et fort, leur refus à adhérer aux mascarades d'un même système. Un système qui, selon l'adage populaire, "fait de la politique non pas pour résoudre les problèmes, mais pour faire taire ceux qui les posent". F B Nom Adresse email