Si les participationnistes au processus électoral conduisant au scrutin de la présidentielle du 17 avril semblent apparemment convaincus que ce rendez-vous est susceptible de permettre à l'Algérie de sortir de sa crise politique pour peu qu'il ne soit pas entaché de fraude et que les électeurs accomplissent massivement leur devoir électoral, il n'en va pas de même en dehors d'eux car de plus en plus nombreux sont les partis et personnalités politiques qui ne croyant pas en cette perspective plaident par contre pour la disqualification de l'élection présidentielle du 17 avril et en faveur de la nécessité d'aller vers une période de transition pour sortir de cette crise politique à travers un projet national fédérateur. C'est le cas des partis et personnalités politiques ayant constitué un front du boycott de l'élection présidentielle, mais aussi de l'ex-président Liamine Zeroual et de l'ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche qui s'étant exprimés sur la situation politique du pays et sur l'élection présidentielle en préparation ont tous deux soutenu l'idée d'aller vers cette transition politique durant laquelle seront jetés les fondements d'une refondation de l'Etat algérien de manière pacifique et consensuelle dans une optique démocratique et avec participation citoyenne. Face à cette convergence qui se dessine entre des forces vives nationales remettant en cause l'option du quatrième mandat pour lequel il s'est porté candidat, Bouteflika a tenté d'en atténuer la portée en promettant dans sa lettre adressée aux Algériens la veille de l'ouverture de la campagne électorale de la présidentielle qu'en cas où ils lui accorderaient à nouveau leur confiance, il s'engage «à créer les conditions politiques et institutionnelles avec l'ensemble des acteurs représentant les différents segments de la société permettant l'édification d'un modèle de gouvernance répondant aux attentes et espérances de notre peuple. Cela se concrétisera dans une révision de la Constitution qui sera menée dans le courant de cette année ». Ce que déclarant il confirme qu'il est toujours dans la logique qui a été le fil conducteur des « réformes » politiques dont il a été l'initiateur dans la contrainte des émeutes populaires de 2011 et du contexte régional conséquence du « printemps arabe ». Logique voulant qu'il n'est pas de nécessité à une transition qui confirmerait que le pouvoir auquel il s'accroche n'est plus en mesure de répondre aux aspirations du changement du peuple algérien. Ces Algériens à qui il s'est adressé en tant que président sortant candidat n'ont pas la mémoire courte et n'oublient pas qu'il leur avait fait en 2011 un engagement similaire à quelques mots près qui s'était traduit par la mascarade de consultation organisée par la commission Bensalah et qui a débouché sur des lois électorales qui ont renforcé l'emprise du pouvoir sur le champ politique national. Lui faire crédit dans ces conditions qu'il pourrait rompre avec cette logique si un quatrième mandat lui est octroyé reviendrait à accepter l'argument que les partisans de Bouteflika développent en sa faveur, à savoir que le destin de l'Algérie est affaire d'un homme providentiel qui n'est autre que Bouteflika lui-même. On sait où cette fumisterie politique a conduit le pays en cinquante années de son acceptation : au mur et maintenant à la menace de désagrégation de la nation.