Les appels pressants et insistants que font systématiquement les candidats en lice ou leurs représentants en clôture de leurs meetings de campagne exhortent les électeurs à se rendre en masse aux urnes le 17 avril. La raison que chacun d'entre eux développe pour tenter de convaincre ces électeurs de ne pas bouder les urnes ne leur est pourtant pas commune. En effet, les cinq compétiteurs du président candidat plaident pour une participation électorale la plus massive possible en faisant valoir qu'elle est indispensable pour la mise en échec de la fraude électorale que selon eux s'apprêterait à commettre le camp des pro-quatrième mandat. Ce que bien entendu démentent les représentants de ce dernier qui prônent néanmoins tout autant la nécessité de cette participation en arguant qu'elle serait une source de légitimité incontestée pour le futur président élu et preuve démonstrative de l'unité du peuple algérien malgré les divergences politiques dont il est traversé. Les candidats ou leurs représentants ont cependant beau marteler à l'unisson ce leitmotiv de la participation, ils ne semblent pas convaincre à en juger par l'indifférence populaire à laquelle sont confrontées leurs campagnes électorales. Il ne paraît pas plausible au vu de cette indifférence populaire affichée que les électeurs soient disposés à répondre positivement à leurs appels le 17 avril prochain. Mais si manifestement la campagne électorale ne fait pas recette et que les meetings des candidats ne réunissent que de maigres auditoires, ce n'est pas la conséquence du mouvement de boycott de l'élection présidentielle initié par des partis et personnalités politiques opposés à la tenue du scrutin du 17 avril. La campagne menée dans ce sens par ce front du boycott n'a elle aussi guère attiré les foules. Preuve s'il en est que les électeurs ont opté pour se déterminer en citoyens responsables libres de leur comportement à l'occasion du scrutin. Si effectivement l'abstention électorale s'annonce comme allant être le fait majeur du scrutin du 17 avril, les partis et personnalités politiques ayant prôné son boycott devraient se faire modestes car la victoire de leur option ne signifiera pas qu'ils en auront été le facteur agissant déterminant. De ce que les citoyens et électeurs pensent de cette élection présidentielle, il ressort qu'ils éprouvent une méfiance d'égale intensité à l'égard tant des participationnistes que des boycotteurs. Les deux camps sont frappés du même discrédit au sein de l'opinion publique lassée et révoltée du spectacle lamentable que lui offrent ses classes dirigeante et politique dont elle a cerné le point commun qui est la médiocrité des capacités dont elles sont dotées et de la faiblesse des programmes ou alternatives qu'elles prétendent représenter. Le boycott populaire s'il venait à être au rendez-vous de l'échéance électorale du 17 avril signifiera avant tout que les citoyens algériens y auront exprimé par lui qu'ils sont dans le rejet des mascarades électorales mais aussi de la classe politique qui n'a de visibilité qu'en ces circonstances.