La centrale est en train d'évaluer la situation de différents secteurs. La centrale syndicale poursuit sa série de rencontre d'évaluation économique et sociale des différents secteurs en prévision de la rencontre entre la centrale syndicale et le ministre de la participation et de la promotion des investissements, prévue le 10 décembre prochain. Hier, la fédération nationale des travailleurs des industries textiles et cuir ont eu à présenter la situation prévalant dans ce secteur. Il en ressort que l'industrie textile en Algérie est à la croisée des chemins. Elle risque même de disparaître si elle ne négocie pas correctement sa mise à niveau. Le constat fait par les syndicaliste est alarmant. La plupart des entreprises fonctionnent à 30% de leurs capacités. Le parc équipement est vieux d'une trentaine d'années en moyenne. Très peu d'investissements ont été consentis depuis 1980 pour la mise à niveau de l'outil de production. Alors qu'en parallèle, le secteur est structurellement dépendant des importations de matières premières. Avant la crise, ces dépenses d'importation sont estimées à plus de 20 milliards de dinars. Actuellement, elles tournent autour de 8 milliards. Conséquence de ce retard technologique et managérial, l'industrie textile algérienne résiste très mal à l'ouverture. Les mesures d'assainissement, du moins pour le secteur public, décidées en 1996, et mises en œuvre, nous dit-on, en 1998, sont inopérantes. L'endettement du secteur, pour 2001, est évalué à plus de 64 milliards de dinars. Selon Badredine, secrétaire national, de l'UGTA chargé de l'économie, “les banques prennent 50% des résultats des entreprises du textile”. Conséquence, dans certaines sociétés, les travailleurs n'ont pas perçu leurs salaires depuis deux mois, parfois six. Badredine parle de “blocages délibérés”. selon lui, à l'époque des holdings, certains investisseurs français ont visité les entreprises de textiles. Il semblerait que seules quatre les intéressaient. En plus, ils ont demandé à l'Etat des mesures d'accompagnement. La situation est plus dramatique concernant l'industrie du cuir. Elle, aussi, est menacée de disparition si aucune mesure ne vient remettre de l'ordre dans un secteur rongé par une concurrence déloyale et marqué par une exportation frauduleuse de peaux brutes. “Plus de 1 700 000 de peaux brutes, estimées à 260 millions de dinars, traversent frauduleusement nos frontières chaque année”, selon une enquête du Centre national du textile et du cuir (CNTC). Du coup, pour insuffisance d'approvisionnement en peaux brutes locales, en quantité et en qualité, les filières manufacturières tournent à 30 ou 40% de leurs capacités. Et concernant cette branche (manufactures de chaussures, vêtements en cuir et maroquinerie), c'est quasiment l'anarchie qui règne. Selon Badredine, la rencontre avec temmar portera sur la privatisation des entreprises déstructurées. “mais nous allons demander des mesures pour relancer les entreprises viables”, affirme Badredine. Pour lui, “il n'est pas question de privatiser des entreprises équilibrées et stratégiques”. Par ailleurs, Badredine a évoqué la tenue, “immédiatement après la rencontre avec temmar”, précise-t-il, d'une conférence économique. Pour rappel, la conférence en question devait se tenir en septembre dernier. M. R.