Le chef du MSP prévoit une forte pression politique sur le pouvoir après l'élection et une exacerbation de la guerre des clans. Au sortir d'une campagne électorale qu'il n'a pas hésité à qualifier de "mascarade", le président du Mouvement pour la société de la paix (MSP) s'est dit, hier lors d'une conférence de presse animée au siège national de son parti à Alger, plus que jamais conforté dans la décision du boycott de la présidentielle. "Comme nous l'avons prévu, la campagne électorale était une vraie mascarade. Cela conforte notre décision de boycott", a-t-il soutenu. S'appuyant sur des rapports des bureaux régionaux de son parti, M. Mokri assure que la campagne se distingue par une grande "désaffection populaire". "Les rapports qui nous sont parvenus des bureaux régionaux attestent d'une campagne terne qui n'a pas pu capter l'intérêt de la population. Beaucoup de candidats ont été contraints d'annuler leurs meetings. C'est une première", a-t-il expliqué. Autres faits marquants d'une campagne bien singulière : l'absence totale du travail de proximité, des rassemblements des partisans du 4e mandat accompagnés de protestations, etc. Le président du MSP a aussi déploré la mobilisation du gouvernement en faveur du candidat Bouteflika. "Le gouvernement et les institutions de l'Etat sont tous mobilisés en faveur du Président-candidat. Pis, trois membres du Conseil constitutionnel ont participé à la campagne. Des images l'attestent. C'est une violation claire de la loi", a-t-il dénoncé. M. Makri s'est aussi élevé contre les graves dérapages commis par les partisans de Bouteflika qui, selon lui, ont adopté un discours menaçant en faisant passer tout opposant à leur candidat pour un traître. Sur sa lancée, il s'en est aussi pris au président Bouteflika qui s'est plaint à un responsable étranger, mais aussi à la candidate du PT, Louisa Hanoune. "Une candidate de l'opposition a contracté une alliance avec un candidat du pouvoir contre un candidat de l'opposition. C'est inouïe, ça ne s'est jamais passé dans aucun autre pays", s'est-il offusqué. Le président du MSP ne se fait aucune illusion sur l'issue de la présidentielle : Bouteflika aura son 4e mandat grâce à la fraude dont les prémices sont perceptibles. Mais il ne pense pas moins que le pouvoir en sortira grandement affaibli de ce scrutin. Selon lui, la guerre des clans au sommet de l'Etat, un temps mise en sourdine, va reprendre de plus belle au lendemain du 17 avril. "Ils vont se disputer la gestion du pays à la place du Président malade", a-t-il prédit. En parallèle, le front de l'opposition va, lui, se renforcer et des contacts sont, a-t-il dit, d'ores et déjà établis avec des personnalités et dirigeants de partis politiques. De son point de vue, l'engagement d'une période de transition – son parti la veut inclusive — sera inévitable. Si d'aventure le pouvoir en place s'y oppose, un surcroît de pression sera exercé sur lui, a promis le président du MSP, pour l'amener à la négociation. "On va utiliser tous les moyens politiques et pacifiques pour mettre davantage de pression sur le pouvoir. Et nous ne serons pas seuls puisque nous avons des alliés objectifs à savoir le peuple, la presse et les patriotes au sein des institutions de l'Etat", a-t-il assuré. La conviction de M. Mokri est que l'après-17 avril sera marqué par une grande animation politique et la tâche de l'opposition "sera plus aisée". A. C. Nom Adresse email