En cas de fraude avérée lors de la présidentielle du 17 avril prochain, la contestation du candidat Benflis ne sortira pas du cadre verbal. Après avoir moult fois assuré ne pas se "taire", l'ancien chef de gouvernement a été clair hier : pas de recours "à la violence" en cas de trucage des urnes. En revanche, a-t-il ajouté, "s'il y a fraude, je ne me tairai pas parce qu'il s'agira de la confiscation de la voix du peuple et de sa volonté". Le candidat a dû répondre un nombre incalculable de fois à la question de savoir ce que veut dire "ne pas se taire". Et à la question de savoir si l'ancien chef de gouvernement optera pour des manifestations de rue, il répondra : "Si c'est moi qui suis élu, je ne pourrai pas empêcher des manifestations de joie." Et de lancer à "ceux qui disent que Benflis prépare une révolte, je dirai que la stabilité est ma devise", tout en relevant que "j'ai une armée de 60 000 surveillants. Des personnes armées de leur conviction. Ils surveilleront les urnes de près et ne les quitteront pas, même s'il leur faudra jeûner". Dans les faits, le candidat réagira à la fraude en s'impliquant dans la scène politique. "Je ne quitterai pas la scène politique et je ne serai pas seul, il y aura à mes côtés tous les Algériens qui auront voté pour moi, je prône la lutte pacifique et je ne tolérerai aucune violence", a-t-il insisté. Dans une déclaration liminaire lue en introduction à la conférence de presse devant une armada de représentants de la presse nationale et internationale, ainsi que des figures connues de la scène politique nationale, à l'instar de Halim Benatallah, ancien secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale établie à l'étranger, Abdelakader Sallat, son directeur de campagne et ex-ministre délégué chargé de la Réforme pénitencière, Ahmed Attaf, ancien ministre des Affaires étrangères, et Nazim Zouiouèche, ex-P-DG de Sonatrach, Benflis a encore une fois réagi aux allégations du Président-candidat devant le chef de la diplomatie espagnole, l'accusant de "terrorisme et d'appels à la discorde". "C'est une honte, l'élection d'un président est une affaire interne et elle ne concerne aucun pays étranger, et cette déclaration vient a contrario des règles diplomatiques les plus élémentaires", s'indigne-t-il, avant de promettre : "Je m'interdirai de discuter les problèmes de l'Algérie à l'étranger ou de me réunir à l'étranger pour évoquer nos problèmes. Pour moi, c'est une règle sacrée et toute déviation à cette règle reviendrait à une violation de la souveraineté du pays." Et de rebondir sur les accusations de terrorisme : "On m'a accusé de terrorisme parce que je me suis opposé à la fraude. Dites-moi depuis quand le respect de la volonté du peuple est assimilé à une fitna ? Le feu de la fitna, c'est moi qui l'éteindrai, moi je n'ai pas fait de traversée du désert." Ces accusations qualifiées d'"infondées" sont, selon le candidat, "la preuve que la peur et l'incertitude ont gagné l'autre camp qui milite pour l'héritage du règne sur le pays". À propos des menaces qu'il aurait adressées aux walis en évoquant leur famille, le candidat fera remarquer : "Mes propos adressés aux walis et aux chefs de daïra ont été sortis de leur contexte et instrumentalisés de manière éhontée." "Mes propos contenaient un appel aux cadres chargés de l'élection pour qu'ils travaillent avec conscience et j'ai fait référence à leurs familles et leurs enfants pour les extraire de la gêne au cas où ces derniers apprenaient un jour que les pères ont été responsables d'une fraude", a-t-il expliqué, tout en notant qu'"une partie de mes propos ont été tronqués, ce qui les a déformés". Sollicité pour commenter le communiqué de l'ANP faisant état de son engagement à sécuriser la présidentielle, Benflis retient une seule chose : "L'ANP s'est engagée à rester neutre." "Quel intérêt, pour l'armée, que cette élection ne soit pas neutre ? Au contraire, elle a tout intérêt à ce que cette élection se déroule dans la transparence et la neutralité", a-t-il relevé. Le candidat a cependant évité de répondre à deux questions : l'une en rapport avec la relance de la loi criminalisant le colonialisme et la seconde a trait au retour des animateurs de l'ex-FIS à la faveur de la loi sur la réconciliation qu'il ambitionne d'approfondir. Sur cette dernière question, sa réponse pèche par un manque de précision : "J'ouvrirai un dialogue qui sera le plus large possible, d'où seront exclus ceux qui assimilent la politique à la violence." N M Nom Adresse email