Le candidat n'a pas mâché ses mots pour mettre en garde contre toute éventuelle violation de la volonté populaire, prenant à témoin l'opinion publique quant aux conséquences de la fraude. "Que ceux qui ont l'habitude de durer au pouvoir et qui pensent et croient qu'ils peuvent frauder sachent que la stabilité du pays passe par une élection crédible. La fraude électorale est une ligne rouge. Je ne me tairai pas en cas de trucage de l'élection et celui qui fraudera supportera pleinement les conséquences." C'est un avertissement en bonne et due forme qu'a lancé hier le candidat, Ali Benflis, lors de son dernier meeting de campagne, à l'adresse de ceux qui s'aviseraient de bourrer les urnes, le 17 avril prochain. Conforté par une affluence des plus importantes à son ultime discours dans la salle omnisports pleine à craquer de Rouiba, dans la zone industrielle, à l'est d'Alger, Benflis n'a pas mâché ses mots pour mettre en garde contre toute éventuelle violation de la volonté populaire, prenant à témoin l'opinion publique quant aux conséquences de la fraude. Accueilli par des slogans "Ulach smah ulach", "Imazighen, Imazighen", "Djeïch, chaâb maâk ya Benflis", "Benflis président", le candidat a dérogé à ses traditionnelles introductions au discours louant les historiques de la région où il se trouve et a préféré entrer d'emblée dans le vif du sujet. "Aujourd'hui, encore une fois, les partisans du statu quo persistent dans leur projet qui vise à enterrer tous les espaces de liberté et à poursuive la dilapidation des biens publics et la violation de la volonté populaire afin de faire perdurer l'impunité", déplore-t-il. "Ceux qui sont habitués à la fraude pensent qu'ils pourront reproduire le même scénario, je les informe que j'ai une armada de 60 000 observateurs." Intervenant sur un ton grave, le même que celui dont il a usé la veille à Oran en réaction aux accusations de la direction de campagne de Bouteflika, Benflis a considéré "honteux" qu'"un gouvernement se transforme en comité de soutien au Président-candidat". Tout en faisant état de ses appréhensions quant au spectre de fraude, il estimera que "le système, gagné par l'arrogance, veut spolier les voix du peuple et consacrer le mandat à vie". Et de lancer sous les ovations de la foule : "Les masques sont tombés." "Les partisans d'un candidat pris de panique par la réussite de mes meetings et ma popularité s'agitent", ajoute-t-il. Et d'enchaîner, dans un discours prononcé dans un arabe châtié, pour évoquer la position de l'armée par rapport à la présidentielle. Parlant de Bouteflika, sans toutefois le nommer, il l'accuse d'avoir transgressé la Constitution et les lois de la République en tentant sciemment d'impliquer l'armée dans la bataille électorale. Ce qui, note-t-il, contredit la position officielle exprimée par le général Gaïd Salah qui a officiellement annoncé la neutralité de cette institution. "Cela porte atteinte à l'image de l'armée et à sa crédibilité, une armée dont le rôle est clairement défini par la Constitution", lance-t-il à l'assistance dont il se mettra à scander lui aussi les slogans. Le soutien de l'assistance qui semble avoir boosté sa conviction quant à l'adhésion de la population à son projet lui a fait dire que "l'armée a son état-major et ses structures capables d'exprimer son opinion et ils l'ont fait". "La neutralité de l'armée est une garantie pour la promotion de la démocratie et la préservation de la stabilité dans le pays", estime-t-il, avant de se dire "partie prenante de ceux qui défendent la stabilité du pays. Mais pour atteindre cet objectif, l'armée ne doit pas être impliquée dans cette campagne. Elle a besoin de stabilité". "Personne, dit-il, n'a le droit de se placer en tant que porte-parole de l'armée", allusion faite aux déclarations de Abdelmalek Sellal, hier à la Coupole, sur l'ANP et les forces de sécurité. Aux yeux d'Ali Benflis, "l'armée a affiché son engagement à protéger la démocratie". Revenant au communiqué de la direction de campagne du Président-candidat, l'ancien chef de gouvernement indiquera : "Je ne me laisserai pas entraîner dans cette campagne d'insultes." "Je n'ai jamais cité un seul nom depuis le début de la campagne et je ne le ferai pas. L'Etat ne se gère pas par les insultes et les plaisanteries." Regrettant l'état de déliquescence du pays, Benflis a souligné que "nous avons des instituions marginalisées, un Parlement qui n'existe pas, une justice aux ordres et une presse bâillonnée". "C'est la Corée du Nord. Où va-t-on comme ça ?" s'est-t-il interrogé avant d'assurer avoir "compris les jeunes". "Ils veulent vivre pleinement leur amazighité et leur liberté !" Ne lâchant pas prise, Benflis a répondu aux accusations dont ont tenté de l'accabler les soutiens du Président-candidat le donnant pour responsable de la situation à Ghardaïa. "On m'a accusé d'alimenter la fitna à Ghardaïa. Sauf que dans cette wilaya, moi j'ai été merveilleusement accueilli. Je n'avais pas besoin d'escorte !", estime-t-il avant de préciser qu'"à Ghardaïa, en toute légitimité, les citoyens avaient revendiqué leur droit au travail. Mais le gouvernement manque de clairvoyance. Au début, on avait évoqué la main de l'étranger. Et depuis hier, c'est moi qu'on accuse". NADIA MELLAL Nom Adresse email