Ali Benflis, s'il affirme qu'il «ne va pas se taire» en cas de fraude à l'élection présidentielle, n'en menace pas pour autant d'altérer l'ordre public à la proclamation des résultats. «Je ne vais pas me taire, cela veut dire que je vais protester et contester le viol de la volonté populaire», a répondu, hier, Ali Benflis à ceux qui s'interrogent sur la nature de la réaction qu'il aura au terme du scrutin présidentiel. À ceux qui lui attribuent des visées de rébellion, comme aux médias -notamment étrangers- qui se frottent déjà les mains de voir l'Algérie sombrer dans l'anarchie au soir du 17 avril 2014, Ali Benflis a eu une réponse qui aura déçu par certains endroits de la salle qui a abrité la conférence de presse animée dans le QG du candidat à la magistrature suprême. «Ils peuvent attendre !», lâchera-t-il sur un ton de l'ironie, tout en se revendiquant comme «gage de la stabilité pour le pays». Cela n'altère pas tant le discours de l'ex-Chef du gouvernement sur la fraude, estimant que «seule la transparence des élections donnerait lieu à des institutions légitimes». Sur sa lancée, Benflis rétorquera en soutenant que «c'est plutôt la fraude qui est porteuse de chaos et pas le changement». L'ex-Chef de gouvernement ne veut pas que la légitimité des institutions soit sacrifiée au nom de la stabilité. Concernant la neutralité de l'armée, Ali Benflis avoue se fier aux engagements d'Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major et vice-ministre de la Défense. Dans sa déclaration liminaire précédent la série des questions-réponses, Ali Benflis a répondu aux accusations exprimées à son encontre par la direction de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika. Tout comme il a soldé ses comptes avec ce dernier, dans son rôle de président de la République, à l'occasion de l'audition qu'il a eue avec le chef de la diplomatie espagnole au cours de la semaine. «Je tiens également à évoquer devant vous l'accusation de terrorisme qui a été portée de manière délibérée et irresponsable contre moi et mes soutiens devant une personnalité étrangère. Les propos que j'ai tenus ont été sortis de leur contexte et instrumentalisés d'une manière éhontée, mais la manœuvre est tellement grotesque qu'elle n'a trompé personne», a-t-il déclaré. Réaffirmant son «engagement à ne ménager aucun effort pour défendre la stabilité de notre pays», le conférencier s'interroge : «Depuis quand le respect de la volonté du peuple est assimilée à la fitna?», et d'ajouter : «Depuis quand le simple fait de déclarer la nécessité de respecter les règles légales qui président à l'organisation d'une élection est interprétée comme une atteinte à la stabilité.» Vis-à-vis d'Abdelaziz Bouteflika et de l'échange qu'il a eu avec le diplomate espagnol, Ali Benflis martèle que «l'Algérie est fille de Novembre 1954 [...] et nous tenons tous à ce que l'élection de son président reste une affaire strictement algéro-algérienne au sujet de laquelle les puissances étrangères n'ont pas de droit de regard...». Pour Ali Benflis, les accusations que lui portent les partisans de Bouteflika «renseignent sur l'état de panique et de désarroi qui s'est emparé de ceux qui les ont proféré d'une manière irresponsable», ajoutant que «ceux-là oublient ou feignent d'oublier que le peuple algérien est un témoin vigilant. Il sait et saura distinguer entre les adeptes de la démocratie et des libertés et ceux du pouvoir à vie et du pouvoir héréditaire». Ali Benflis, qui rend hommage à l'ex-président Liamine Zeroual, «Président de tous les Algériens», dira-t-il, n'a pas hésité à souhaiter «rétablissement et santé» à Abdelaziz Bouteflika. A. Y.