Les monarchies arabes du Golfe sont parvenues à un accord permettant de mettre fin à la crise entre trois d'entre elles, conduites par l'Arabie saoudite et le Qatar. Cet accord intervenu lors d'une réunion impromptue sur la base aérienne de Riyad, entre les ministres des AE des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), avait été précédé par de nombreuses initiatives de médiation, dont la dernière conduite par l'Algérie et qui, apparemment, aura été la plus féconde. D'abord, la tension inter-monarchiques arabes elle-même. La crise a été ouverte en hiver 2013 par l'Arabie saoudite qui a décidé de remonter la pente de sa perte d'influence dans la région et dans le monde arabe. Une influence reprise par le Qatar avec sa diplomatie du chéquier qui s'est soldée par l'éclatement des "printemps arabes" du Maroc à Bahreïn, exception faite des autres monarchies du Golfe, de l'Algérie et du Liban. Riyad, qui a applaudi à l'éviction du président islamiste égyptien en juillet 2013 et a soutenu les militaires qui l'ont chassé et qui ont décrété les Frères musulmans terroristes, a exigé du Qatar, initiateur et soutien des contre-révolutions islamistes au Caire, Tunis, Damas, de cesser son jeu. Le 5 mars 2014, dans une démarche sans précédent, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont rappelé leurs ambassadeurs à Doha, accusant le Qatar de s'ingérer dans leurs affaires et de mener une politique déstabilisatrice dans la région en raison de son soutien à la mouvance islamiste. Les trois pays reprochaient au Qatar de ne pas avoir respecté un engagement pris en novembre 2013 par l'émir de ce pays, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, de ne pas s'ingérer dans les affaires internes de ses voisins et de ne soutenir aucune action menaçant la stabilité de ces pays. Puis, on assista à un durcissement chez ces protagonistes d'une crise laquelle, outre la question de leadership, revêtait également d'autres motifs dont la crise syrienne ou la crise du nucléaire iranien ou encore l'exportation de la subversion islamiste notamment dans le Sahel saharien. Plusieurs médiations furent tentées, à l'image de celle du Maroc où Mohammed VI pensait réussir grâce à ses amitiés chaleureuses avec Riyad et Doha. Ça n'a pas marché pour lui à sa grande déconvenue, lui que les monarchies du Golfe avaient expressément invité à rejoindre le CCG avec le roi de Jordanie. L'Algérie, qui a nourri également des relations cordiales avec les deux rivaux du Golfe, a été sollicitée par les deux capitales, alors que la campagne électorale pour sa présidentielle battait son plein. L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a fait le voyage à Alger où il a rencontré également le secrétaire d'Etat américain John Kerry, dont le pays cherchait aussi à faire baisser la tension dans le Golfe. La semaine dernière, ce sont tenus à Riyad les travaux de la 2e session de la commission de concertation politique algéro-saoudienne, co-présidée par le ministre des AE, Ramtane Lamamra et son homologue saoudien, le prince Saoud Al-Fayçal. En marge de ces travaux de coopération bilatérale, M. Lamamra a eu des entretiens sur les questions arabes et régionales, certainement les derniers développements de la tension entre Riyad et Doha. Jeudi soir, tombe le communiqué du CCG annonçant l'entente de tous ses membres pour que "la politique d'aucun pays membre n'affecte les intérêts, la sécurité et la stabilité des autres pays du CCG". Ses six monarques et émirs se sont en outre mis d'accord sur un mécanisme d'application de l'accord de novembre 2013, conclu lors d'un mini-sommet à Riyad entre l'émir du Qatar, l'émir du Koweït et le roi d'Arabie saoudite. Le sommet de la Ligue arabe devait entériner au Caire cet accord, rappelant aux deux pays la priorité de soutenir les Palestiniens. D. B. Nom Adresse email