Les propos de Ahmed Ben Bella sur Abane Ramdane et le Congrès de la Soummam ont fait réagir, hier, le Mouvement pour l'union des enfants de chouhada de la wilaya III. Dans une déclaration transmise à notre bureau, le MUEC tient à rétablir les faits et “corriger” le premier président de la République algérienne. Ce denier accuse Abane Ramdane d'avoir dévié le Congrès de la Soummam des principes islamistes du 1er Novembre et d'avoir établi une règle “erronée” établissant la primauté de l'intérieur sur l'extérieur. Il lui reproche également d'avoir entamé des contacts avec l'ennemi pour négocier. “Ben Bella croit pouvoir, à travers sa première accusation légitimer l'avènement d'une Algérie islamo-baâthiste. Celui qui fut le premier président de l'Algérie indépendante a dû trahir ce principe plus que Abane, dès lors que durant les deux années de son règne, il n'avait jamais songé à le mettre en application, voire même à en rappeler l'existence” soutient le MUEC. Et d'ajouter : “Avec le recul que notre histoire permet aujourd'hui, nous sommes fiers que Abane Ramdane ait eu l'idée lumineuse de ne pas emprisonner notre avenir dans un intégrisme qui avait joué le rôle macabre digne de Pol Pot auquel s'adonnent depuis plus de 10 ans les partisans d'Ali Benhadj”. S'agissant de la deuxième accusation de Ben Bella, les rédacteurs de la déclaration affirment : “Il est vrai que la primauté de l'intérieur sur l'extérieur a été ignorée, inappliquée sur le terrain puisque l'état-major et le gouvernement provisoire issus du Congrès de la Soummam s'étaient exilés en Tunisie.” La raison n'est pas celle invoquée par Ben Bella, selon laquelle “personne n'avait choisi le lieu où il devait mener son combat”, mais des calculs malsains d'individus et de clans “voulant se préserver pour gouverner après l'indépendance sans courir le moindre risque”. Concernant “les contacts avec l'ennemi”, les enfants de chouhada s'interrogent : “Même si cela serait avéré, en quoi le fait de négocier l'indépendance de l'Algérie en 1956 ou 1957 avant l'hécatombe qui va emporter tant de maquisards, était-il moins inopportun qu'en 1961-1962 avec les accords d'Evian ?” Le MUEC estime enfin que la sortie de Ben Bella cache également des visées sur les échéances présidentielles de 2004 lesquelles, selon cette organisation, “veulent sceller une alliance Bouteflika-FIS, qu'il appelle de tous ses vœux”. A. T.