Les Nations unies cherchent un successeur à Lakhdar Brahimi, l'émissaire spécial pour la Syrie, qui compte démissionner prochainement en raison notamment de la décision de Bachar al-Assad d'organiser une élection présidentielle le mois prochain. Parmi les candidatures les plus crédibles, Kamel Morjane, l'ex-ministre tunisien des AE entre 2005 et 2011, sous la présidence de Ben Ali. Depuis quelques semaines, le vétéran de la diplomatie algérienne ne fait pas mystère de son intention de rendre le tablier du poste de représentant spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie. Ces derniers jours, selon ses collaborateurs du Palais de verre de New York, il n'a cessé de déclarer chaque jour sa démission. Lakhdar Brahimi sera en fin de semaine au siège new-yorkais des Nations unies. Hier, il devait rencontrer le secrétaire général Ban Ki-moon, puis le 13 mai informer le Conseil de sécurité de ses efforts jusqu'ici infructueux pour mettre un terme au conflit syrien et tirer sa révérence. Depuis le début de l'année, Lakhdar Brahimi a organisé deux séries de négociations à Genève (Genève I et Genève II) entre le régime syrien et des membres de l'opposition qui n'ont produit aucun résultat. Très remonté contre le pouvoir de Bachar al-Assad qui a renié ses engagements pris après des arrangements entre Moscou et Washington, l'émissaire onusien avait toutefois souhaité poursuivre ce processus pour tenter d'esquisser un début de solution politique, pour, disait-il, mettre un terme aux souffrances des populations syriennes. Mais l'annonce par Damas, le 21 avril, de l'organisation d'une élection présidentielle le 3 juin a porté un sérieux coup à ses efforts, ce vote permettant au président syrien d'exclure l'opposition et d'étendre sa mainmise sur le pouvoir en poursuivant sa guerre contre son peuple. Avant Lakhdar Brahimi, l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, avait déjà démissionné en août 2012 en se plaignant, à l'instar de son successeur, de la division des membres permanents du Conseil de sécurité face à cette crise. Damas bénéficie, en effet, du soutien de Moscou, qui a bloqué, avec l'appui de la Chine, toute tentative pour condamner ou sanctionner le gouvernement syrien depuis le début du conflit en mars 2011. A un mois de la présidentielle, la violence redouble en Syrie. La vidéo de rangées de corps d'enfants dans des sacs gris, ensanglantés des frappes de l'aviation de Bachar al-Assad sur une école d'Alep, dans un quartier tenu par la rébellion, est parlante de sa détermination de reprendre les derniers bastions rebelles, au prix d'enfer infligé aux civils qui continuent de faire les frais du printemps de Damas. Sourd, Moscou a imputé l'escalade aux "groupes armés illégaux", reprenant la rengaine de ses protégés. D. B. Nom Adresse email