Le ministre de la Santé a confirmé, hier, un détournement de quantités importantes de médicaments des hôpitaux publics. Il n'a pas précisé, néanmoins, l'ampleur de ce trafic, au moment où l'on parle toujours de pénurie de produits pharmaceutiques hospitaliers, malgré une valeur des importations estimée à plus de 3 milliards de dollars. Le scandale a éclaté il y a quelques jours déjà. Hier, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, l'a évoqué comme une affaire prise en charge par les équipes compétentes de son département. En marge des travaux des assises régionales de la santé des villes du Centre, le membre du gouvernement a déclaré qu'il avait instruit les services de sécurité d'enquêter sur le vol de médicaments dans le secteur public et leur transfert vers une destination extérieure, y compris à l'étranger. "La traçabilité des médicaments dans les hôpitaux a permis au ministère de la Santé de constater le vol d'importantes quantités et le détournement du sang destiné aux malades", a-t-il indiqué. "Ceux qui détournent les médicaments au préjudice de la santé des malades s'apparentent aux trafiquants de drogue. Ils doivent être sanctionnés et réprimés et leurs noms doivent être divulgués", a-t-il poursuivi. Le ministre de tutelle n'a pas donné plus de détails sur ce dossier, dont la presse s'est emparée il y a quelques jours déjà. À l'entame de la dernière semaine du mois d'avril, il a été révélé, en effet, l'ouverture d'une enquête sur un vol de médicaments de certains établissements hospitaliers publics de l'ouest du pays et leur acheminement vers des cliniques privées et vers le Maroc. Des délits de même nature seraient commis au CHU Béni Messous d'Alger. Ce qui a conduit à l'arrestation de quatre personnes, interceptées en flagrant délit de transfert du recel du vol vers l'extérieur de la structure hospitalière. Deux d'entre elles sont employées par l'hôpital susmentionné. À vrai dire, ce n'est pas la première fois que de tels faits sont portés à l'opinion nationale. En janvier de l'année en cours, il a été découvert fortuitement, dans une structure hospitalière à Oran, le vol d'un volume de fil chirurgical pouvant suffire à couvrir les besoins de l'hôpital pour une durée de six mois. En août 2012, une information, rendue publique, faisait état du placement sous mandat de dépôt d'un agent de sécurité chez qui a été retrouvée une quantité importante de médicaments, disparue de la pharmacie centrale de l'hôpital Bouzid-Lakhdar de Bordj Bou-Arréridj. Régulièrement, l'on parle de subtilisation de produits pharmaceutiques, de vols d'équipements, d'anomalie dans la facturation des acquisitions des hôpitaux. Il devient clair, dès lors, que ce ne sont pas là des actes isolés, mais des opérations menées en réseau. Comment est-il possible, sinon, de sortir du matériel médical et des produits pharmaceutiques en quantités considérables sans tomber automatiquement dans les mailles des services de sécurité de l'établissement ? Et quelle est l'ampleur du trafic ? Il faudra assurément attendre les conclusions des enquêtes diligentées par le ministère de tutelle, pour obtenir davantage de détails sur cette affaire. Autant dire un scandale qui éclabousse le secteur de la santé. Un secteur confronté depuis des années à des pénuries récurrentes des produits pharmaceutiques essentiels dans la prise en charge des pathologies graves, alors que les pharmacies centrales des hôpitaux sont pillées. S. H. Nom Adresse email