La brillante plaidoirie prononcée, dernièrement à la Cour de justice de Tipasa, par l'avocate et militante des droits de l'homme, Me Fatima Benbraham, lors du procès relatif à l'affaire de l'évasion, il y a huit mois, des deux détenus du tribunal de Koléa, et qui a valu l'incarcération, depuis février dernier, de deux policiers, a fait vibrer la salle d'audience. Reprenant la genèse de l'affaire, étape par étape, elle a reconstitué dans le menu détail la scène de l'évasion, qui a coûté des blessures profondes et des brûlures au second degré (au gaz lacrymogène) à l'un des policiers (son client) dans la lutte acharnée qu'il a menée pour tenter d'immobiliser son agresseur (un détenu), de récupérer son arme dont le détenu s'était emparé, aidé de son comparse, et de le rattraper en vain. Usant tour à tour de la langue dialectale et du français, elle a fait une démonstration claire, articulée, argumentée de l'absence irréfutable de culpabilité des deux policiers qu'elle a présentés comme des victimes réelles "qui n'ont fait que leur travail et qui, au péril de leur vie (l'un des détenus s'était servi, fort heureusement, avec maladresse de l'arme enlevée au policier, le coup de feu tiré étant parti dans le sens opposé à son adversaire) se sont battus seuls pendant plus de 20 mn avec les détenus, jusqu'à la porte de sortie du tribunal". Poursuivant dans un enchaînement logique des faits, elle a démonté pièce par pièce l'accusation de complicité des deux policiers dans l'évasion des détenus, en dressant un réquisitoire autour de "défaillances judiciaires" et de "pièces manquant au puzzle" dans ce qu'elle a qualifié "d'affaire sans témoins". Le public a observé un silence quasi religieux durant la retentissante plaidoirie. D'aucuns n'ont pas manqué de relever le fait que Me Benbraham ne se soit pas limitée à défendre son client mais aussi son camarade, avec la même verve et la même conviction. L'avocate sera assaillie à la sortie de la salle d'audience par une foule de personnes subjuguées venues la féliciter pour "sa courageuse et admirable prestation" et lui demander ses coordonnées. Tout en remerciant les uns et les autres, elle dira : "Je vous assure que vous avez d'excellents avocats à Tipasa !" L'avocate aura laissé une impression forte auprès de personnes visiblement éprouvées – des gens simples, des "zouaoula" en quête d'appui, de considération, de justice. Le public notera encore la pondération du président de la cour et son écoute attentive, patiente et humaine. Le verdict de cette affaire sera rendu le 13 courant. L'avocate a demandé – comme une évidence – la relaxe pour les deux policiers. F. S Nom Adresse email