Emballant la campagne électorale de l'élection présidentielle, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi s'est engagé lundi à éradiquer les Frères musulmans, mais surtout à mettre l'armée hors du pouvoir en Egypte, où il est difficile de dissocier les militaires des centres de décision depuis Gamal Abdel Nasser. Donné archi-favori de l'élection présidentielle prévue à la fin du mois de mai, Abdel Fattah al-Sissi, l'ancien patron de l'armée égyptienne, qui a destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi, a promis lundi que l'armée ne jouerait aucun rôle au pouvoir en Egypte s'il est élu président. Véritable homme fort du pays, il est assuré, selon les experts, de remporter la présidentielle prévue les 26 et 27 mai, tant il est populaire et parce qu'un seul autre candidat ose l'affronter. "L'armée ne jouera pas de rôle au pouvoir en Egypte", a-t-il déclaré au cours d'une interview enregistrée diffusée par deux chaînes de télévisions privées, la première depuis qu'il a annoncé officiellement sa candidature il y a deux semaines. L'autre point fort de cette déclaration est sa réponse au journaliste lui demandant s'il "n'y aura rien qui ressemble aux Frères musulmans sous votre présidence ?". "Oui, c'est cela", a-t-il rétorqué fermement. Reste à savoir comment il envisage de se débarrasser de cette confrérie ancrée dans la société égyptienne depuis les années 20. Pour expliquer la destitution de Mohamed Morsi, élu un an plus tôt, le chef de l'armée Sissi avait invoqué le 3 juillet les millions d'Egyptiens descendus dans la rue trois jours avant pour réclamer le départ de ce président accusé de mauvaise gouvernance, de vouloir accaparer tous les pouvoirs au profit des Frères musulmans et de vouloir islamiser à marche forcée une société égyptienne très libérale. C'est pourquoi, depuis son coup de force, le maréchal Sissi jouit d'une très grande popularité à mesure que le pouvoir qu'il dirige de facto réprime les islamistes. La quasi-totalité des médias, publics comme privés applaudissent à chaque manifestation réprimée, chaque arrestation de pro-Morsi ou chaque condamnation à mort et, chantent les louanges de Sissi qui a promis d'"éradiquer le terrorisme". Car depuis le 3 juillet, de nombreux attentats visent les policiers et les soldats, notamment au Caire, revendiqués par des groupes djihadistes, dont certains assurent qu'ils s'inspirent d'Al-Qaïda, pour "venger" les manifestants islamistes tués ou emprisonnés. Les Frères musulmans ont dénoncé ces attaques, mais le pouvoir les en rend responsables et les a décrétés "organisation terroriste". Ceci étant, le gouvernement intérimaire installé après le coup de force du 3 juillet mène, depuis, une implacable et sanglante répression contre les partisans de Mohamed Morsi, seul chef de l'Etat jamais élu démocratiquement en Egypte, et contre sa confrérie islamiste des Frères musulmans, qui avait remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak en 2011. M. T Nom Adresse email