Finalement, les deux ministres (Tourisme et Sécurité), qui ont fait l'objet de deux motions de censure, s'en sortent bien. La fin de la séance a vu le retrait de ces motions pour être remplacées par un communiqué laconique qui n'a pas été du goût d'une bonne frange des députés. Comme d'habitude et à chaque fois qu'il s'agit d'une question délicate, l'Assemblée nationale constituante (ANC) a connu un débat houleux au cours duquel les députés ont échangé les insultes à l'occasion de l'audition du ministre délégué à la Sécurité, M. Ridha Sfar et de la ministre du Tourisme, Mme Amel Karboul sur fond de l'affaire du pèlerinage juif à la synagogue de la Ghriba dans l'île de Jerba. Cette affaire a fait couler beaucoup d'encre et de salive, depuis que la porte a été ouverte aux juifs, en général, et les Israéliens, en particulier, pour entrer librement au pays. Séance à huis clos ou ouverte à la presse ? La première option a été prise par vote. Les divergences étaient motivées par les éventuels dépassements qui pourraient être enregistrés au cours des débats et porteraient atteinte à la sécurité nationale et, même, aux relations de la Tunisie avec les pays étrangers, voire éclabousser l'affaire palestinienne. L'hémicycle de l'ANC s'est transformé en une arène de "combat verbal" entre les députés qui ont élevé les débats au niveau purement politique. A suivre ces débats, on sort avec l'impression qu'il s'agissait d'une "guerre tuniso-israélienne". Pour les 81 députés dépositaires de la motion de censure, M. Sfar et Mme Karboul ont outrepassé leurs prérogatives pour prendre des décisions qui relèvent du président de la République en tant que premier responsable des Affaires étrangères. Ils ont assimilé ces décisions à une démarche de normalisation avec l'entité sioniste. Un tel acte est aussi, en contradiction avec la volonté du peuple tunisien qui a toujours abhorré la normalisation avec Israël et apporté son soutien au peuple palestinien. Certes, ont-il rappelé, des mesures relatives au pèlerinage de la Ghriba ont toujours permis aux juifs d'entrer en Tunisie. Mais la circulaire prise par le ministre délégué à la Sécurité, début avril, permet aux juifs et, même, aux porteurs de passeport israélien, non seulement d'effectuer le traditionnel pèlerinage de la Ghriba, mais, aussi, d'avoir accès au pays pour des séjours touristiques ou pour participer aux conférences internationales. Cela constitue une violation flagrante de la Constitution. A la ministre du Tourisme, il a été reproché d'avoir accueilli les touristes israéliens à leur arrivée en Tunisie de manière à faire de la politique étrangère un appendice de la politique touristique. D'emblée, elle a démenti cette information qu'elle a considérée comme une rumeur tendant à salir sa réputation. D'autres, opposés à la motion de censure, ont interpellé leurs collègues leur demandant d'expliquer leur mutisme observé à propos de l'entrée des Israéliens en Tunisie alors que le pays était gouverné par la troïka. En définitive, il y a une ligne rouge à ne pas franchir quand il s'agit de l'affaire palestinienne et le minimum à observer serait le boycottage de l'entité sioniste comme l'ont fait plusieurs pays européens (Portugal, Norvège...), estime la majorité des députés. Dans sa réponse, M. Sfar a disculpé sa collègue Mme Karboul, affirmant assumer seul la responsabilité de la circulaire en question et ajoutant que toutes les mesures sécuritaires sont prises. Pour se défendre et pour justifier son acte, il a précisé que cela était chose courante depuis l'indépendance de la Tunisie à ce jour. En fait, le ministère de l'Intérieur n'a fait qu'entériner un texte en vigueur. De son côté, la ministre du Tourisme s'est limitée à louer les réalisations de son département durant le trois derniers mois, c'est-à-dire depuis l'avènement du gouvernement Mehdi Jomaâ. Les deux ministres ont, également réaffirmé leur respect des principes immuables de la politique étrangère de la Tunisie En relation avec cette question, un armateur américain a annulé une escale au port de la Goulette prévue hier samedi 10 mai générant une perte de 2500 touristes et, par conséquent, une bonne manne de devises dont la Tunisie a grandement besoin ; d'autant plus que le secteur du tourisme représente 7% du produit intérieur brut (PIB) et génère 400 000 emplois. Cependant, cet armateur n'a pas encore annulé quatre autres croisières prévues pour l'année 2014. Tout dépendra de l'évolution politique en Tunisie. Quant au nombre des participants au pèlerinage de la Ghriba qui aura lieu le 18 mai, il ne dépassera pas les 2000 personnes contre les 4 à 5000 arrivées prévues initialement. Le tollé provoqué par l'ANC est à l'origine de cette désaffection, selon le grand rabbin de la synagogue de Jerba. M K Nom Adresse email