Les chantiers politiques du pouvoir, annoncés par le chef de l'Etat en ce début de quatrième mandat, ont du mal à susciter l'adhésion de l'opposition, même si certains partis politiques, autres que le FLN et le RND, affichent plus ou moins ouvertement leur disponibilité à être de la partie. Après la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique, qui a refusé "la main tendue" de Bouteflika en exprimant son rejet de toute participation aux consultations que mènera Ahmed Ouyahia autour de la révision constitutionnelle, Ali Benflis émet à son tour de sérieuses réserves et développe une thèse qui ressemble à un véritable réquisitoire contre la feuille de route du pouvoir. Paradoxalement, et au même moment, des formations qui l'ont soutenu durant la présidentielle du 17 avril et qui se sont regroupées ensuite au sein de son initiative dite "Pôle du changement" commencent à quitter le navire de l'opposition et font état de leur désir de faire une virée à El-Mouradia pour y rencontrer le chef de cabinet de Bouteflika, chargé par celui-ci de mener les discussions sur une révision constitutionnelle. Une révision voulue "consensuelle" mais décidée à la hâte, alors que les conditions politiques de mise en œuvre d'un tel chantier ne sont pas réunies. Il faut dire qu'en annonçant son projet de création d'un parti politique sans les en avoir informés au préalable, Benflis a donné à ses désormais ex-alliés un excellent prétexte pour le laisser seul sur le quai. Car, ce faisant, il cessait d'être l'ex-candidat indépendant apte à "rassembler", devenant lui-même une personnalité partisane. Une erreur tactique, ou peut-être de timing, qu'il semble condamné à payer cash, d'autant que parmi ses soutiens d'alors, beaucoup sont connus pour leur tendance participationniste, certains ayant même été propulsés à la tête de leurs partis respectifs par la grâce de "mouvements de redressement" pilotés par le pouvoir. Du coup, l'on assiste à une sorte de décantation au sein de l'opposition et cela ne va pas sans mettre Ali Benflis dans l'embarras : va-t-il se faire violence et aller à la rencontre d'Ouyahia, quitte à se déjuger et s'aliéner l'opinion, ou préférera-t-il conforter son statut de "vrai opposant", quitte à perdre ses soutiens ? Nom Adresse email