Pour son discours d'investiture, le président Bouteflika aura choisi le thème de la révision constitutionnelle comme projet prioritaire dans son agenda. La première question qui vient à l'esprit : pourquoi ce cachet prioritaire à la révision constitutionnelle ? Est-ce seulement en raison de l'état de santé du Président qui l'empêche de s'acquitter de ses missions ? Ou est-ce seulement en raison d'un engagement pris depuis l'éclatement du Printemps arabe ? Ou tout bonnement une façon de contenter ses partisans, mais aussi ses opposants, en opérant un semblant de lifting de la loi fondamentale ? En tout état de cause, la relance du projet de la révision constitutionnelle devrait donner lieu à un débat politique intense autour des choses à changer ou à introduire, mais ce sera au président Bouteflika de décider en dernier ressort. En évoquant "une révision consensuelle", le président Bouteflika laisse croire que le travail de la commission installée l'an dernier par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n'aurait servi à rien, tout comme les recommandations de la commission Bensalah qui avait travaillé des mois durant avec les partis politiques et le mouvement associatif autour des réformes politiques à apporter. Par solution "consensuelle", le président Bouteflika devrait, certainement, associer les partis et les personnalités de l'opposition. Or, celui qui a le plus plaidé durant la campagne électorale pour une solution consensuelle a été Ali Benflis, l'adversaire direct du président Bouteflika. Ce dernier fera-t-il un geste envers son concurrent en lui concédant l'honneur de prendre part à ce chantier ? Possible, si le Président voudrait absorber le mouvement d'opposition en gestation et qui multiplie les initiatives de rapprochement en ce moment. Lorsqu'on sait que des partis et des personnalités politiques s'activent présentement pour aller vers une conférence nationale, où le thème de la transition semble fédérer, le président Bouteflika devrait faire un geste en direction de ce nouveau mouvement en gestation, au risque de se retrouver isolé, pris dans un étau. Le président Bouteflika voudrait, donc, reprendre l'initiative pour ne pas avoir à subir un mouvement politique qui risquerait de le gêner considérablement. Toutefois, il ne faudrait pas ignorer les forces de résistance des partis au pouvoir (ou du pouvoir), à leur tête le FLN. Son actuel patron a déjà fixé ses préalables : d'abord, le FLN installera sa propre commission de révision de la Constitution et fera ses propres propositions. Et lorsqu'on sait que le FLN revendique le poste de Premier ministre, étant donné qu'il est le parti majoritaire au Parlement, l'on imagine un peu les écueils que devraient rencontrer les initiateurs de la révision constitutionnelle. Car, s'il est admis dans toutes les démocraties du monde que le Premier ministre est issu de la majorité parlementaire, la manœuvre du FLN vise, en fait, à peser dans le choix du vice-président, au cas où ce poste viendrait à être créé à la faveur de la révision constitutionnelle. Or, ce poste, s'il est finalement créé, un sérieux problème se posera. En fait, un vice-président désigné, et non élu, n'aura aucune légitimité. Ce sera un fonctionnaire, sans plus. L'on ignore si la révision constitutionnelle prévoit la création d'un poste de vice-président, ou si elle devrait, au contraire, renforcer les prérogatives du Premier ministre qui serait, en fait, le véritable maître à bord, en l'absence du Président affaibli par la maladie. A. B Nom Adresse email