La Palme d'or du Festival de Cannes a été attribuée hier à Winter Sleep (sommeil d'hiver) du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, longue dissection psychologique d'un sexagénaire qui règne en maître sur un village d'Anatolie. "Cette année, c'est la centième année du cinéma turc, c'est une très belle coïncidence", a dit le réalisateur. Il a dédié sa Palme à "la jeunesse turque, à celles et ceux qui ont perdu la vie pendant l'année qui s'est écoulée", alors que son pays connaît, depuis un an, de violentes manifestations anti-gouvernementales. Ceylan accède à la récompense suprême cannoise après avoir déjà remporté à deux reprises le Grand prix (2003 pour Uzac et 2011 pour Il était une fois en Anatolie), ainsi que le Prix de la mise en scène en 2008 pour Les Trois singes. Pour Winter Sleep, Ceylan installe sa caméra dans un petit village de Cappadoce dont les habitations troglodytes attirent les touristes l'été, des paysages splendides que le Turc dépeint avec brio, tout comme ses scènes d'intérieur faiblement éclairées. Avec l'hiver, l'hôtel de Aydin, ancien acteur ayant atteint la soixantaine (Haluk Bilginer), est quasi désert, le laissant seul face à sa jeune femme et sa sœur divorcée. Aydin a de lui l'image d'un intellectuel éclairé et bienveillant. Lentement, Ceylan va minutieusement démonter cette image auto-satisfaite. Nom Adresse email